Wall Street finit en nette baisse, inquiète de la crise italienne

par April Joyner

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a fini en baisse mardi, plombée par les valeurs bancaires, la crise politique en Italie ébranlant la confiance des investisseurs dans la zone euro et les incitant à se tourner vers les valeurs refuges.

L'indice Dow Jones a lâché 391,64 points, soit 1,58%, à 24.361,45.

Le Standard & Poor's 500, qui a ouvert sous sa moyenne mobile de 100 jours, un seuil technique important, a reculé de 31,47 points, soit 1,16% à 2.689,86 et le Nasdaq Composite a cédé 37,26 points, soit 0,50% à 7.396,59.

Après un week-end prolongé par le Memorial Day lundi, les investisseurs ont été rattrapés par les craintes que de nouvelles élections en Italie ne se transforment en référendum sur l'appartenance de la troisième économie d'Europe au bloc des 19.

Carlo Cottarelli, auquel le président italien Sergio Mattarella a confié lundi la mission de former un gouvernement intérimaire, envisage de renoncer à son mandat et d'ouvrir ainsi la voie à la tenue d'élections législatives anticipées dès le 29 juillet, a-t-on appris mardi de sources politiques.

"A chaque fois que cela arrive, les gens se demandent si c'est le moment où la zone euro va exploser", observe Paul Nolte, gérant chez Kingsview Asset Management.

"Le lien direct entre le gouvernement italien et le S&P-500 est ténu, mais il rappelle indirectement aux investisseurs l'incertitude géopolitique", relève de son côté Ed Keon, directeur des investissements de QMA.

L'aversion au risque a favorisé les actifs refuges. Le rendement des Treasuries à 10 ans est retombé à son plus bas niveau depuis la mi-avril à 2,84%, celui à deux ans a touché un creux de sept semaines, tandis que celui à 30 ans s'est rapproché d'un plus bas de quatre mois.

JPMORGAN PERD PLUS DE 4%

Le net recul des taux américains a pesé sur les financières, qui ont lâché 3,37%, plus forte baisse sectorielle du S&P-500 et leur plus mauvaise séance depuis plus de deux mois. Lanterne rouge du Dow, JP Morgan a dévissé de 4,27%, sanctionné également pour avoir averti que les revenus tirés des marchés au deuxième trimestre pourraient stagner par rapport à il y a un an.

Goldman Sachs a perdu 3,40%. Plus fort recul du S&P-500, Morgan Stanley a abandonné 5,75% et Bank of America 3,99%.

"Il y a eu un léger recul des rendements et évidemment avec la contraction de la courbe, il pourrait y avoir des conséquences financières pour les activités des banques qui sont liées aux taux d'intérêt", explique Ryan Larson, responsable du trading actions aux Etats-Unis chez RBC Global Asset Management.

Dix des onze secteurs du S&P ont fini dans le rouge, seuls les services aux collectivités parvenant tout juste à finir en territoire positif (+0,04%).

Le secteur de l'énergie a reculé de 0,32%, dans le sillage de la baisse des cours du pétrole. Chevron a recul de 0,65% et Exxon Mobil de 0,37%. Halliburton s'est replié de 0,86%.

Sur le front des fusions-acquisitions, Bayer a obtenu l'autorisation des autorités américaines de la concurrence de racheter Monsanto, ce qui élimine un obstacle important à la réalisation de cette opération de 62,5 milliards de dollars (54,11 milliards d'euros). Le spécialiste des semences a fini sur un gain de 0,72%.

Le transporteur de gaz de pétrole liquéfié Dorian LPG a bondi de 5,17% sur une offre de rachat non sollicitée de son concurrent BW LPG, le numéro un mondial du secteur.

Aux valeurs, Universal Display, qui fabrique des écrans OLED, a pris 3,96%. Selon des informations de presse, Apple (-0,36%) a opté pour des écrans OLED pour équiper ses trois prochains modèles d'iPhone dont la sortie est prévue l'an prochain.

NXP Semiconductors a perdu 0,44%. Trois sources ont rapporté à Reuters que Qualcomm (-1,87%) devait rencontrer prochainement à Pékin l'autorité chinoise de la concurrence afin de la convaincre d'autoriser le rachat de l'équipementier.

Coca-Cola et Pfizer ont été les seules valeurs du Dow a terminé dans le vert, gagnant respectivement 0,66% et 0,06%.

(Avec Medha Singh; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)