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Wall Street portée par des espoirs de baisses d'impôts

par Sinead Carew

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a été balayée jeudi par un vent d'optimisme qui lui a permis de conclure le mois de novembre par une séance de franche progression, le Dow Jones passant pour la première fois au-dessus des 24.000 points.

Les facteurs se sont accumulés pour alimenter la hausse, au premier rang desquels les avancées enregistrées au Congrès des Etats-Unis sur le projet de baisses d'impôts voulu par le président Donald Trump. Wall Street a aussi profité de la prolongation de l'accord entre l'Opep et la Russie sur une limitation de la production de pétrole, du rebond des valeurs technologiques ou encore d'indicateurs macroéconomiques encourageants.

L'indice Dow Jones a gagné 331,67 points (+1,39%), à 24.272,35. Il a ainsi franchi cinq paliers de 1.000 points depuis le début de l'année, commencée sous les 20.000.

Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a pris 21,51 points, soit 0,82%, à 2.647,58, record de clôture. Le Nasdaq Composite, à forte composante technologique, a pour sa part fini en hausse de 49,631 points (+0,73%) à 6.873,973.

Sur l'ensemble du mois de novembre, le Dow a pris 3,83%, le S&P-500 2,81% et le Nasdaq 2,18%. Il s'agit d'un huitième mois consécutif de progression pour le Dow et le S&P-500.

Le principal moteur de la hausse à Wall Street ce jeudi a été le ralliement du sénateur John McCain au projet de réforme fiscale porté par son camp républicain. Cette prise de position n'est pas encore décisive mais elle est accueillie avec soulagement par les investisseurs, John McCain ayant contribué cette année à l'échec d'une autre réforme réclamée par Donald Trump, l'abrogation du système d'assurance santé dit Obamacare.

"Le marché commence à intégrer dans les valorisations une probabilité plus élevée de réforme fiscale et c'est le principal moteur aujourd'hui", dit Mark Heppenstall, responsable de l'investissement chez Penn Mutual Asset Management.

TOUS LES INDICES DANS LE VERT

Les valorisations sur le marché n'intègrent pour l'instant qu'une probabilité de 20% à 40% de baisses d'impôts, estiment les stratégistes d'UBS.

Un abaissement de l'impôt sur les sociétés à 25%, contre 35% actuellement, pourrait gonfler les bénéfices des entreprises cotées au S&P-500 de 6,5%, dit l'un de ces spécialistes d'UBS, Keith Parker.

Les banques ont globalement profité de cet espoir de réforme fiscale, mais aussi d'un renforcement des pressions inflationnistes confortant les anticipations de hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis. Goldman Sachs a notamment pris 2,6%.

Au-delà de la réforme fiscale, l'accord entre l'Opep et la Russie sur une prolongation jusque fin 2018 du plafonnement de leur production, qui pourrait à la fois consolider le redressement des cours et permettre aux producteurs américains de gagner des parts de marché, a permis aux valeurs de l'énergie de gagner 1,55%, plus forte hausse sectorielle du jour.

Les cours du pétrole ont terminé en hausse, plus prononcée pour le Brent que pour le brut léger américain.

Tous les indices sectoriels ont fini dans le vert.

Aux valeurs individuelles, Apple (+1,4%), Microsoft (+1%) et Amazon (+1,33%) ont été les principaux contributeurs à la hausse du S&P-500 au lendemain du recul prononcé de l'ensemble du secteur technologique.

Verizon a pris près de 2%. Le numéro un de la téléphonie mobile aux Etats-Unis a annoncé la commercialisation en 2018 d'offres très haut débit à la norme 5G à la suite d'essais concluants.

A la baisse, le fabricant de peintures Axalta s'est effondré de plus de 15% après l'échec des discussions sur son éventuel rachat par le japonais Nippon Paint.

Environ 9 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, ce qui est nettement supérieur à la moyenne de 6,56 milliards sur les 20 séances précédentes et constitue un sommet depuis le 23 juin.

A l'échelon mondial, l'indice MSCI World a pris 0,26% et enregistré un 13e mois consécutif de hausse, pour la première fois depuis sa création il y a 30 ans.

La prise de position de John McCain, le renforcement des pressions inflationnistes aux Etats-Unis et le dynamisme du marché du travail, dont a témoigné le nouveau recul des inscriptions hebdomadaires au chômage, nourrissent les anticipations de hausses de taux de la part de la Réserve fédérale non seulement en décembre mais aussi pour 2018.

Cela a contribué à faire grimper les rendements des emprunts du Trésor américain, le 10 ans montant à plus de 2,41% contre 2,376% mercredi soir.

Le dollar a en revanche cédé du terrain face à un panier de devises de référence (-0,22%) et face à l'euro (-0,56%), repassant au-dessus de 1,19 dollar.

(Bertrand Boucey pour le service français)