Wall Street finit en hausse, tirée par Apple et Amazon

(Reuters) - La Bourse de New York a fini en hausse jeudi, tirée par Apple et Amazon et soutenue plus généralement par la confiance dans la vigueur de l'économie américaine affichée par la Réserve fédérale, un message fort qui a accompagné sa décision de relever ses taux pour la troisième fois cette année.

L'indice Dow Jones a fini en hausse de 54,65 points, soit 0,21%, à 26.439,93, à plus de cent points toutefois de son plus haut du jour à 26.557 points.

Le S&P-500, plus large, a gagné 8,03 points ou 0,28% à 2.914 points, mettant fin à quatre séances consécutives de baisse mais terminant aussi sous ses plus hauts de la séance.

Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 51,60 points (0,65%) à 8.041,97 après être monté jusqu'à 8.067.

Le marché avait viré à la baisse mercredi après les annonces de la Fed, qui a cessé de qualifier sa politique monétaire d'"accommodante" et a dit prévoir une autre hausse de taux d'ici la fin de l'année, ensuite trois en 2019 et encore une en 2020.

La banque centrale prévoit désormais une croissance de 3,1% aux Etats-Unis cette année, suivie d'au moins trois années d'expansion modérée.

"Le communiqué de la Fed (...) confirme que l'économie américaine est la meilleure carte à jouer pour les investisseurs mondiaux", commente Jeffrey Kravetz, en charge des investissements régionaux à la division de banque privée d'U.S. Bank à Phoenix (Arizona).

"Du point de vue des fondamentaux, les bénéfices augmentent, l'inflation semble bénigne et les taux d'intérêt restent relativement bas. Le contexte demeure favorable pour le marché boursier", ajoute Terry Sandven, stratège chez U.S. Bank Wealth Management à Minneapolis.

La confirmation d'une croissance annualisée de 4,2% au deuxième trimestre, son rythme le plus soutenu depuis près de quatre ans, a conforté le sentiment positif du marché.

VALEURS

Huit des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en hausse avec en tête les services aux collectivités (+0,96%).

Apple s'est adjugé 2,06% à 224,95 dollars, meilleure performance du Dow Jones. JPMorgan a entamé son suivi de la valeur avec une recommandation à "surpondérer" et un objectif de cours de 272 dollars.

Amazon a pris 1,93% à 2.012,98 dollars, profitant du relèvement de l'objectif de cours de Stifel, à 2.525 dollars, et de l'ouverture à New York d'un magasin en dur, "Amazon 4-star", où seront proposés les produits les mieux notés sur son site de vente en ligne.

Le nouveau secteur des services de communication s'est octroyé 0,80%, aidé aussi par Facebook (1,13%) et Alphabet (1,11%). Depuis son instauration lundi, ce nouvel indice a pris 1,5% pour caracoler en tête des grands indices sectoriels S&P.

L'indice des techs a pris 0,54%.

Les matériaux ont cédé 0,97% et les financières ont reculé de 0,34%, enchaînant une cinquième séance de baisse pour la première fois depuis le mois de juin.

Parmi les perdants du jour figurent le groupe agroalimentaire Conagra Brands (-8,54%) - plus forte baisse du S&P-500 -, le croisiériste Carnival ( -4,84%) et le cabinet de conseil Accenture (-1,69%), sanctionnés après la publication de résultats inférieurs aux attentes.

Hors S&P-500, l'enseigne d'articles pour la maison Bed Bath and Beyond a plongé de 21% à 14,86 dollars après là encore des résultats inférieurs aux attentes.

Quelque 6,2 millions de titres ont changé de mains sur les marchés américains à comparer à une moyenne de 6,8 milliards sur les 20 dernières séances.

LES INDICATEURS DU JOUR

Si la croissance a été confirmée à 4,2% en rythme annualisé au deuxième trimestre, contre +2,2% sur les trois premiers mois de l'année (+2,2%) les autres statistiques publiées jeudi laissent entrevoir une croissance moins astronomique pour la période juillet-septembre.

Après quatre mois de forte hausse, les nouvelles commandes de biens d'équipement industriels ont baissé en août et le déficit des échanges de marchandises s'est creusé de 3,8 milliards de dollars à 75,8 milliards, avec un recul de 1,6% des exportations et une hausse de 0,7% des importations.

Le commerce extérieur pourrait en conséquence apporter une contribution négative au PIB du troisième trimestre, qui serait cependant partiellement compensée par une hausse des stocks. Ceux des grossistes ont augmenté de 0,8% en août.

Sur la foi de ces chiffres, JP Morgan a réduit sa prévision de croissance du troisième trimestre d'un demi-point à 3,0% et le modèle GDPNow de la Fed d'Atlanta donne à présent une expansion de 3,8%, au lieu d'une précédente estimation de 4,4%.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes avaient auparavant terminé dans le vert elles aussi, les investisseurs ayant bien digéré les annonces de la Réserve fédérale américaine et paraissant attendre avec une relative sérénité celles du gouvernement italien sur sa trajectoire budgétaire.

À Paris, le CAC 40 a gagné 0,50% à 5.540,41 points. Le Footsie britannique a pris 0,45%, au plus haut depuis quatre semaines, et le Dax allemand a progressé de 0,40%. L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,48%, le FTSEurofirst 300 de 0,46% et le Stoxx 600 de 0,35%.

La Bourse de Milan (-0,62%) a souffert en revanche, plombée entre autres par les valeurs bancaires, dans l'attente d'un conseil des ministres décisif pour le budget.

TAUX

Le rendement des Treasuries à 10 ans a reflué de 0,7 point à 3,053%, à un peu plus d'un point de son plus haut depuis mai de 3,113% atteint mardi.

Celui des notes à deux ans, sensible à l'évolution des taux de la Fed, a à l'inverse progressé de 8 points de base à 2,835%, revenant vers son pic de 2,847% atteint mardi - un plus haut depuis juin 2008.

L'écart de rendement entre les deux maturités s'est resserré à 21,7 points de base, au plus bas d'une semaine.

L'adjudication de 31 milliards de dollars d'emprunts à sept ans a produit un rendement de 3,034%, au plus haut depuis avril 2010.

CHANGES

L'indice dollar, qui mesure la valeur du billet vert face à un panier de devises, a progressé pour la deuxième séance d'affilée (+0,8%) et atteint un plus haut d'une semaine, soutenu par le communiqué de politique monétaire de la Fed qui laisse entrevoir une poursuite de ses hausses de taux jusqu'en 2020.

"La Fed est en avance sur la plupart des autres banques centrales (pour normaliser sa politique) et cela favorise le dollar", dit Erik Nelson, stratège changes chez Wells Fargo Securities) à New York.

L'euro, affaibli par les craintes de dérapage des comptes publics de l'Italie, a creusé ses pertes face au dollar à 1,1641 (-0,8%), au plus bas depuis le 19 septembre.

Alors que le ministre de l'Economie souhaitait le contenir sous 2%, le gouvernement italien a fixé dans la soirée sur un objectif de déficit de 2,4% du produit intérieur brut dans le projet de budget 2019.

PÉTROLE

Les cours du brut ont repris leur marché en avant sur le Nymex après leur baisse de la veille, de nouveau soutenus par la perspective d'une diminution de l'offre mondiale lorsque les sanctions américaines contre l'Iran s'appliqueront dans cinq semaines.

Le contrat novembre sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a gagné 0,77% à 72,12 dollars le baril et le contrat de même échéance sur le Brent a pris 0,47% à 81,72 dollars.

A SUIVRE VENDREDI

Les marchés réagiront aux annonces du gouvernement italien, qui a fixé à 2,4% l'objectif de déficit budgétaire pour les trois prochaines années.

Aux Etats-Unis, la principale statistique du jour sera celle des revenus et dépenses des ménages américains en août, avec sa composante d'inflation toujours très suivie - l'indice PCE Core prévu en hausse modeste de 0,1% sur le mois et de 2% sur un an.

L'agenda comporte aussi deux prises de paroles de responsables de la Fed, Thomas Barkin, président de la Fed de Richmond, à 12h30 GMT lors d'une conférence à Charlotte (Caroline du Nord), et son collègue de la Fed de New York John Williams à l'Université de Columbia (New York) à 20h45 GMT.

Du côté des valeurs, Tesla sera à suivre après le dépôt d'une plainte par la SEC, le gendarme de Wall Street, contre la communication du groupe cet été. L'action reculait fortement dans les échanges d'après-Bourse jeudi.

(avec Noel Randewich à San Francisco et Amy Caren Daniel à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)