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Wall Street a connu sa pire semaine en deux ans

par Stephen Culp

NEW YORK (Reuters) - La Bourse de New York a chuté de plus de 2% vendredi, sous le coup à la fois d'une envolée des rendements obligataires, déclenchée par l'annonce d'une croissance soutenue de l'emploi et surtout des salaires aux Etats-Unis, et par une série de résultats d'entreprise jugés décevants.

L'indice Dow Jones a plongé de 2,54%, soit 665,,75 points, à 25.520,96, soit son repli le plus prononcé en une séance depuis le 24 juin 2016.

Le S&P-500, plus large, a perdu 59,85 points, soit 2,12%, à 2.762,13, recul le plus marqué en un jour de cet indice depuis le 9 septembre 2016, et le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 144,92 points (-1,96%) à 7.240,95, du jamais vu en une session depuis le 10 août.

Sur l'ensemble de la semaine, qui avait déjà été marquée par une vive baisse sur les séances de lundi et de mardi, le Dow Jones accuse un repli de 4,1%, soit sa pire performance hebdomadaire janvier 2016.

Même chose pour le S&P 500, qui a cédé 3,9% sur la semaine. Le Nasdaq a subi une baisse hebdomadaire de 3,53%, sa plus mauvaise performance depuis février 2016.

La rechute de cette semaine met fin à une série de quatre progressions hebdomadaires de suite, qui avait vu Wall Street finir vendredi dernier sur de nouveaux records.

CRAINTES DE VOIR UNE ACCÉLÉRATION DE LA HAUSSE DES TAUX

Déjà sensible avant la publication du rapport mensuel du département du Travail américain à 13h30 GMT, la hausse des rendements des emprunts d'Etat s'est amplifiée avec l'annonce de 200.000 créations d'emploi en janvier aux Etats-Unis (le marché en attendait 180.000) et d'une progression du salaire horaire moyen de 2,9% en rythme annuel, la plus forte depuis juin 2009.

"Tout tourne autour du marché obligataire, ce dernière mène le rythme pour le marché actions comme il l'a fait toute la semaine. On a observé un vaste raffermissement des rendements (obligataires) et cela a incité les investisseurs à se délester des actions", a déclaré Paul Nolte, gérant de portefeuille chez Amundi Pioneer Asset Management.

La statistique sur le marché de travail a alimenté la perspective d'une accélération de l'inflation dans un contexte de plein emploi. Elle fait ainsi écho aux propos tenus il y a deux jours par la Réserve fédérale, qui a dit anticiper une poussée des prix à la consommation cette année.

Tous ces éléments conduisent certains à spéculer sur une accélération de la remontée des taux d'intérêt, estimant que la Fed pourrait aller au-delà des trois tour de vis monétaires actuellement au programme.

"(...) On attend trois, peut-être quatre relèvements de taux au vu des chiffres de l'emploi", a ajouté Paul Nolte.

A cette situation, se sont notamment rajoutés des résultats inférieurs aux attentes publiés par Exxon Mobil et Chevron, les deux géants du pétrole aux Etats-Unis, dont les actions ont perdu respectivement 5,1% et 5,6, accusant les deux plus fortes baisses du Dow Jones.

De ce fait, l'indice S&P regroupant les valeurs énergétiques a cédé 4,13, soit la plus forte baisse sectorielle du jour, à l'issue duquel tous les compartiments ont terminé dans le rouge.

(Benoit Van Overstraeten pour le service français)