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Wall Street finit en repli, Apple et la Fed pèsent

par Sinead Carew

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini en légère baisse jeudi, en dépit d'un record du Dow Jones à l'ouverture, alourdie par un nouveau recul d'Apple et par la perspective d'une troisième hausse de taux cette année malgré le bas niveau de l'inflation.

Le Dow Jones a cédé 53,36 points, soit 0,24% à 22.359,23 et le S&P-500, plus large, 7,64 points ou 0,30% à 2.500,60. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 33,351 points (0,52%) à 6.422,69.

Le Dow, qui restait sur neuf séances de hausse et sept clôtures record, a atteint un plus haut absolu de 22.419,51 dans les premiers échanges avant de virer à la baisse.

Apple, en repli de 1,72% à 153,39 dollars, après déjà un recul de 1,68% la veille, a apporté la plus forte contribution à la baisse des trois indices.

Les investisseurs redoutent que le nouvel iPhone X, attendu en magasin en novembre, fasse de l'ombre à la sortie de l'iPhone 8 vendredi. Le groupe a en outre admis mercredi des problèmes de connectivité avec sa nouvelle montre Apple Watch 3, également commercialisée à partir de vendredi.

Le titre Apple, première capitalisation boursière mondiale, a perdu plus de 4% depuis la présentation des nouveaux produits le 12 septembre et il n'avait plus subi une telle baisse sur deux séances depuis le mois de juin.

Les investisseurs ont par ailleurs pris le temps d'analyser la décision de la Réserve fédérale de commencer, comme attendu, à réduire son énorme bilan de 4.200 milliards de dollars gonflé par des années de rachats d'obligations après la crise de 2008.

Si la banque centrale a sans surprise maintenu son principal taux directeur inchangé, elle a répété sa prévision d'une nouvelle hausse de taux d'ici la fin de l'année aux Etats-Unis, ce dont les investisseurs doutaient en raison d'une inflation toujours éloignée de son objectif de 2%.

Les futures sur les taux intègrent maintenant une probabilité de 70% d'une hausse de taux en décembre, selon le baromètre FedWatch de CME, contre 50% avant les annonces de la Fed. Et une enquête Reuters auprès de grandes banques laisse prévoir trois autres resserrements en 2018.

"On assiste aujourd'hui à un retrait du marché, le temps de digérer le communiqué de la Fed et sa conférence de presse", dit Michael Dowdall, stratège chez BMO Global Asset Management.

"Il est clair que la Fed s'explique mal la faiblesse de l'inflation cette année mais elle ne veut surtout pas prendre le risque de se retrouver derrière la courbe de l'inflation."

Le marché a plus généralement éprouvé le besoin de souffler au vu de valorisations élevées, le S&P-500 se payant 17,6 fois les résultats attendus à comparer à une moyenne sur 10 ans de 14,3, selon Thomson Reuters Datastream.

"J'ai du mal à voir un catalyseur à la hausse mais je n'en vois pas non plus à la baisse", tempère Peter Cecchini, stratège chez Cantor Fitzgerald in New York.

Preuve de cette sérénité, l'indice Vix de la volatilité a fini à 9,67, un plus bas de près de deux mois, et la séance a été calme avec 5,54 milliards de titres échangés contre 6,70 milliards la veille et une moyenne de 6,03 milliards sur les 20 derniers jours.

CALGON CARBON S'ENVOLE

Neuf des 11 grands indices sectoriels S&P ont fini en repli, la plus forte baisse étant pour les biens de consommation de base (-0,97%). Les valeurs industrielles (+0,34%) et les financières (+0,20%), sensibles aux taux d'intérêt, ont signé les deux seules progressions sectorielles.

Au sein du Dow, Procter & Gamble (-1,86%) a accusé la plus forte baisse devant Apple. General Electric (+1,77%) a réalisé la meilleure performance, suivi de JPMorgan & Chase (+0,45%).

Aux technologiques, Tesla a cédé 1,99% à 366,48 dollars. Jefferies a entamé son suivi du constructeur de voitures électriques avec une recommandation à "sous-performance" et un objectif de cours à 240 dollars.

Le fondeur GlobalFoundries, sous-traitant d'Advanced Micro Devices, a par ailleurs démenti une information de CNBC selon laquelle Tesla collaborait avec AMD pour mettre au point sa propre puce d'intelligence artificielle pour les voitures autonomes, au détriment de son fournisseur actuel Nvidia. Nvidia a limité sa baisse à 2,72%, après avoir perdu jusqu'à 5%, et AMD, initialement en hausse, a reculé de 2,40%.

En vedette, le groupe de matériaux Calgon Carbon s'est envolé de 62,12% après l'annonce d'une offre d'achat de 1,1 milliard de dollars du chimiste japonais Kuraray.

Sur le marché des changes, le dollar est retombé de 0,35% face à un panier de grandes devises, après avoir atteint un plus haut de deux semaines en réaction aux annonces de la Fed. L'euro/dollar remontait de 0,4% en fin de séance, à 1,1939, mais le yen est resté à un creux de deux mois après un statu quo de la Banque du Japon sur ses taux.

Du côté du marché obligataire, l'écart de rendement entre les obligations à 5 ans et le papier à 30 ans est tombé à 92 points de base, au plus bas depuis le 6 juillet, la courbe des rendements s'ajustant ainsi à la perspective d'un resserrement monétaire en décembre. Le rendement des Treasuries à 10 ans est lui resté stable à 2,28%.

L'or a reculé à un creux de près de quatre semaines tandis que les cours du pétrole ont fini irréguliers sur le Nymex, avec une hausse du Brent mais un repli du WTI.

(avec Caroline Valetkevitch et Tanya Agrawal à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)