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Wall Street se replie légèrement, Trump ne surprend pas sur la fiscalité

par Rodrigo Campos

(Reuters) - La Bourse de New York a fini mercredi en léger repli après avoir effacé en fin de séance l'intégralité de ses gains de la journée, les projets de baisses d'impôts dévoilés par la Maison blanche n'ayant finalement réservé aucune surprise aux investisseurs.

Après deux séances de progression vigoureuse, l'indice Dow Jones a cédé 21,03 points, soit 0,10%, à 20.975,09. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 1,16 point, soit 0,05%, à 2.387,45 après avoir frôlé en séance son record à 2.400,98 points atteint le 1er mars. Le Nasdaq Composite a fini inchangé en pourcentage, en recul de 0,27 point à 6.025,23.

Dans un résumé succinct d'une seule page traçant les grandes lignes de la réforme fiscale promise par Donald Trump, la Maison blanche a annoncé que le président américain comptait ramener l'impôt sur les sociétés à 15%, contre au moins 35% actuellement, et proposer un important rabais fiscal aux multinationales qui rapatrient aux Etats-Unis des bénéfices réalisés à l'étranger.

Pour les ménages, Donald Trump souhaite réduire de sept à trois le nombre de tranches d'imposition, ce qui, avec diverses autres mesures, est censé alléger la pression fiscale sur l'Américain moyen.

Le président américain doit désormais s'entendre avec sa majorité républicaine au Congrès, ce qu'il n'est toujours pas parvenu à faire au sujet d'une réforme voire d'une abrogation de l'Obamacare.

"Pour être honnête, nous n'avons pas beaucoup de détails pour le moment" au sujet de la réforme fiscale, a déclaré David Lefkowitz, stratégiste marchés chez UBS Wealth Management à New York. "La grande question, c'est vraiment de savoir ce qui est réalisable du point de vue budgétaire et politique au Congrès et cela va être une rude bataille pour que ce projet se traduise en loi."

Les discussions se poursuivent au sujet de la refonte de l'Obamacare, le système d'assurance-maladie ayant étendu la couverture santé à un plus grand nombre d'Américains, et les ultraconservateurs, qui ont bloqué tout accord jusqu'à présent, ont laissé entendre mercredi qu'ils pourraient accepter une nouvelle mouture du projet de réforme.

Cette annonce a pesé sur les établissements hospitaliers et les assureurs les plus exposés aux Américains à bas revenus, comme HCA (-1,27%) et Universal Health (-2,43%)côté hôpitaux et Centene (-0,89%) et Molina Healthcare (-1,24%) côté assureurs.

PROCTER & GAMBLE SANCTIONNÉ POUR SES RÉSULTATS

L'indice du secteur de la santé (+0,5%) a néanmoins affiché l'une des cinq hausses parmi les 11 grands compartiments sectoriels du S&P-500, soutenu par les résultats et les prévisions d'Edwards Lifesciences (+10,49%) et de Thermo Fisher (+5,79%), deux fabricants d'appareils médicaux.

Au-delà des projets de Donald Trump en matière fiscale ou de santé, ce sont d'ailleurs les résultats d'entreprise qui ont encore animé la séance et qui pourraient se suffire à eux-mêmes pour soutenir la tendance dans les prochains jours.

Les bénéfices des entreprises du S&P-500 au premier trimestre sont attendus en hausse de 11,8%, leur plus forte progression depuis 2011, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

"Les résultats sont très solides, on pourrait assister à une croissance de 15% sur un an sur le S&P", a dit Paul Zemsky, responsable de l'investissement chez Multi-Asset Strategies and Solutions à New York.

Le conglomérat industriel et aéronautique United Technologies a ainsi pris 1,14% à 118,2 dollars, principal soutien de l'indice Dow Jones, à la suite de résultats supérieurs aux attentes sur fond de croissance des ventes de ses quatre divisions.

A l'inverse, Procter & Gamble a reculé de 2,5% à 87,74 dollars, plus forte baisse du Dow et principal contributeur au repli de l'indice. Le fabricant de produits de grande consommation a accusé une baisse de 8,3% de son bénéfice au premier trimestre en raison d'un ralentissement de la croissance du marché, des incertitudes géopolitiques et du renchérissement du dollar.

Boeing a pour sa part cédé 0,98% à 181,71 dollars malgré un relèvement de sa prévision de bénéfice annuel. L'enthousiasme des investisseurs a été douché par le fait que cette décision reflète une baisse de ses charges fiscales.

L'action Twitter a bondi de 7,9% à 15,82 dollars. Le réseau social a annoncé une croissance de son nombre d'usagers actifs mensuels inédite depuis plus d'un an, ainsi qu'un bénéfice trimestriel bien meilleur que prévu.

Un total de 7,33 milliards de titres ont été échangés sur les marchés actions américains contre une moyenne quotidienne de 6,44 milliards sur les 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, le dollar a effacé une partie de ses gains face à un panier de devises de référence après la présentation des projets fiscaux de Donald Trump. L'euro cédait néanmoins du terrain face au billet vert et revenait vers 1,09 dollar. La devise américaine s'est raffermie face au peso mexicain et au dollar canadien après une déclaration d'un responsable de l'administration Trump selon lequel un projet de décret est à l'étude pour retirer les Etats-Unis de l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain).

Les rendements des emprunts du Trésor américain se sont pour leur part repliés avec les annonces de la Maison blanche en matière de baisses d'impôts, le rendement à 10 ans reculant à 2,3%.

(Avec Yashaswini Swamynathan à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)