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Wall Street finit stable, attentisme avant l'emploi

par Lewis Krauskopf

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a fini stable jeudi après une séance indécise, l'attentisme l'emportant finalement à la veille de la publication des chiffres mensuels des créations d'emploi aux Etats-Unis.

Le marché avait d'abord progressé en réaction aux commentaires rassurants de la Réserve fédérale sur l'économie avant de s'orienter à la baisse dans le sillage des valeurs de l'énergie et des poids lourds technologiques Facebook et Apple.

Il a finalement opté pour le statu quo, l'indice Dow Jones des 30 industrielles limitant son repli à 6,43 points en clôture, soit 0,03%, à 20.951,47, pratiquement 100 points au-dessus de son plus bas de la séance (20.848).

Le Standard & Poor's-500, plus large, a grignoté 1,39 point ou 0,06% à 2.389,52 et le Nasdaq Composite a avancé de 2,79 points (0,05%) à 6.075,34.

Le vote par la Chambre des Représentants du projet de réforme de l'assurance-maladie a soulagé les investisseurs qui craignaient un nouvel échec de l'administration Trump, contrainte de retirer un précédent texte le 24 mars.

La réaction a néanmoins été modérée puisque le projet de loi va maintenant être examiné par le Sénat. "Au Sénat, on sait que ce sera dur. Donc ce n'est qu'une étape de franchie et, en attendant, l'Obamacare est toujours là et bien vivant", commente Ken Polcari, directeur du trading chez O’Neill Securities à New York.

"Le marché est surtout focalisé sur la réforme fiscale. Si la réforme de l'assurance santé n'avait pas été votée, cela aurait été un mauvais présage pour la réforme fiscale", ajoute Rick Meckler, président de Liberty Capital Management à Jersey City, dans le New Jersey.

L'attentisme a ensuite pris le dessus à la veille des chiffres de l'emploi. L'annonce jeudi d'inscriptions hebdomadaires au chômage inférieures aux attentes a conforté les anticipations d'un rebond en avril mais la prudence est de mise après la déception de la précédente livraison.

Les économistes attendent en moyenne 185.000 créations de postes après les 98.000 annoncées pour mars.

La chute de près de 5% des cours du pétrole, tombés à leur plus bas niveau depuis la fin novembre en raison du déséquilibre persistant de l'offre et de la demande sur le marché mondial, a pesé sur les valeurs liées aux matières premières.

L'indice du compartiment de l'énergie a reculé de 1,90%, la plus forte baisse des 11 grands indices sectoriels du S&P-500, avec des décrochages de respectivement 1,79% et 1,28% pour Chevron et Exxon Mobil, composantes du Dow Jones. Chesepeake Energie, en baisse de 7,40%, a accusé la plus mauvaise performance du S&P-500.

Aux techs, Apple a cédé 0,36% et Facebook 0,62%, terminant toutefois au-dessus de leurs plus bas du jour ce qui a permis à leur indice sectoriel de repasser en territoire positif (+0,03%) en fin de séance.

A la hausse, le compartiment de la santé a pris 0,59% après le vote des Représentants et les financières ont progressé de 0,22% en réaction au communiqué de politique monétaire de la Fed qui laisse intactes les anticipations de hausse de taux en juin.

Dans son communiqué publié mercredi soir à l'issue de la réunion de son comité de politique monétaire, la banque centrale qualifie de "transitoire" l'accès de faiblesse de l'économie au premier trimestre et met l'accent sur la vigueur du marché du travail. Elle ajoute que la consommation des ménages reste solide, que l'investissement des entreprises augmente et que l'inflation se rapproche de son objectif.

Les traders sur les futures situent à présent la probabilité d'une hausse de taux en juin à 72%, contre 63% auparavant, selon le baromètre FedWatch de l'opérateur boursier CME Group.

CATERPILLAR TIRE LE DOW À LA BAISSE

Caterpillar, en baisse de 2,11%, a subi la plus forte baisse du Dow alors que la déprime des cours des matières premières risque de peser sur la demande d'engins pour l'industrie minière.

Sur le Nasdaq, Tesla a chuté de 5,00% à 295,46 dollars après l'annonce la veille d'une perte trimestrielle plus forte que prévu. Le titre du constructeur de voitures électriques restait il est vrai sur une hausse de 46% depuis le 1er janvier.

Le groupe de télévision Viacom a reculé de 7,13% à 36,46 dollars malgré un bénéfice et un chiffre d'affaires trimestriels meilleurs que prévu, les investisseurs sanctionnant un contexte défavorable pour la publicité et la distribution.

La biotech Regeneron (REG N.O) (+6,70%), plus forte hausse du S&P-500, et le spécialiste de la santé animale Zoetis (+5,90%) ont en revanche été recherchés après leurs résultats.

Les bénéfices des sociétés du S&P-500 sont pour la plupart ressortis au-dessus des attentes pour le premier trimestre, hissant l'indice à moins de 1% de son plus haut record. Les analystes estiment désormais la croissance des profits à 14,8% sur ces trois mois, soit la meilleure performance depuis 2011.

Environ 7,8 milliards d'actions ont changé de mains jeudi contre une moyenne quotidienne de 6,6 milliards au cours des 20 dernières séances.

Sur le marché des changes, l'euro a atteint un plus haut d'environ six mois face au dollar dans la perspective d'une élection d'Emmanuel Macron à la présidence française dimanche, qui semble s'être encore renforcée après le débat de mercredi soir face à son adversaire du second tour, Marine Le Pen.

L'indice dollar a cédé 0,5% et l'euro/dollar s'appréciait de 0,9% à 1,0981 au moment de la clôture américaine.

Le yen a repris pour sa part 0,3% face au billet vert et le sterling 0,4%.

Les rendements des emprunts d'Etat ont continué de profiter des anticipations de hausse de taux en juin, le 10 ans terminant à 2,36% contre 2,31% mercredi.

L'or a à l'inverse pâti comme la veille de la perspective d'une hausse des taux de la Fed. Le métal fin a touché un plus bas depuis le 17 mars de 1.225,20 dollars et enfoncé encore ses moyennes mobiles à 50 et à 200 jours.

(avec Tanya Agrawal à Bangalore, Véronique Tison pour le service français)