Le Danemark durcit ses règles bancaires avec le scandale Danske Bank

par Teis Jensen et Jacob Gronholt-Pedersen

COPENHAGUE (Reuters) - Le Danemark a demandé mardi à ses banques de doubler leurs réserves de fonds propres face à la menace d'une déstabilisation de l'ensemble du secteur financier danois à la suite du scandale de blanchiment d'argent impliquant Danske Bank.

La première banque du Danemark a annoncé la semaine dernière la démission de son directeur général Thomas Borgen à la suite de soupçons de blanchiment portant sur 200 milliards d'euros de transactions effectuées via sa filiale estonienne entre 2007 et 2015.

Ce scandale représente un risque pour l'ensemble du secteur financier danois, a estimé mardi le Conseil du risque systémique, organe chargé de surveiller les éventuelles menaces pesant sur la stabilité du système financier du pays.

Ce conseil a recommandé au gouvernement d'exiger un doublement des réserves de fonds propres que les banques doivent détenir pour faire face à d'éventuels chocs économiques, pour les porter à 1% de leur encours de prêts pondérés des risques, en raison du dossier Danske Bank mais aussi des risques croissants sur leurs prêts.

"Le système financier danois est fortement affecté par les derniers développements et la perception du risque sur les marchés internationaux. C'est la raison pour laquelle le dossier de blanchiment de Danske Bank présente un risque pour l'ensemble du secteur et pour la réputation internationale du Danemark", a déclaré le conseil.

Le gouvernement a immédiatement suivi ses recommandations et a donné aux banques jusqu'au 30 septembre 2019 pour se mettre en conformité.

Le Conseil du risque systémique estime l'effort demandé aux banques danoises à 7 milliards de couronnes (938 millions d'euros) et juge qu'une "vaste majorité" d'entre elles sera en mesure de respecter ces nouvelles exigences.

Le ministre des Entreprises, Rasmus Jarlov, a cependant jugé que l'autorité de tutelle du secteur financier danois, la Finanstilsynet, distincte du conseil d'évaluation des risques, aurait pu se montrer plus critique dans son examen de Danske Bank.

"Je ne comprends pas que les autorités danoises et estoniennes n'aient pas réagi plus vigoureusement aux nombreuses mises en garde", a-t-il déclaré mardi devant une commission parlementaire.

Il a ajouté que l'enquête rouverte par la Finanstilsynet chercherait à déterminer si Danske Bank peut être jugée responsable d'avoir fourni des informations erronées à l'autorité de régulation. Il s'est dit prêt à affecter les ressources nécessaires pour faire toute la lumière sur cette affaire.

Danske Bank a été invitée à s'expliquer devant cette commission parlementaire.

La banque, qui n'est pas obligée de répondre favorablement à cette requête, n'a pas encore pris de décision, a déclaré un porte-parole de Danske Bank.

L'agence de notation Fitch a pour sa part abaissé de stable à négative sa perspective sur la note de crédit de Danske Bank afin de prendre en compte les incertitudes liées à ce scandale.

(Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)