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La Grèce peut prétendre à un allègement de sa dette

BRUXELLES/ATHENES (Reuters) - La Grèce pourrait obtenir avant la fin de l'année un nouvel allègement du fardeau de sa dette, l'Union européenne ayant confirmé mercredi qu'elle avait dégagé en 2013 un excédent budgétaire primaire et dépassé ses objectifs en matière de gestion des finances publiques.

Cette annonce intervient le jour anniversaire de la demande officielle d'aide financière extérieure présentée par Athènes et deux semaines après le retour réussi du Trésor grec sur le marché international de la dette avec une émission d'obligations à cinq ans.

Le retour à l'excédent budgétaire primaire (soit hors service de la dette) illustre les progrès accomplis par Athènes en matière de remise en ordre de ses comptes après quatre ans d'une austérité sans précédent sous le contrôle strict de la "troïka" (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), période durant laquelle le produit intérieur brut (PIB) a fondu d'un quart et le taux de chômage a bondi à près de 28%.

"Le pays et son économie sont aujourd'hui en bien meilleure situation après quatre années très difficiles pour les ménages et les entreprises", a déclaré le ministre délégué aux Finances, Christos Staïkouras.

L'excédent primaire de 1,5 milliard d'euros (soit 0,8% du PIB) réalisé l'an dernier - avec un an d'avance sur le calendrier prévisionnel - ouvre la voie à des mesures d'allégement de la part des autres pays de la zone euro, qui détiennent aujourd'hui plus de 80% des 319 milliards d'euros de la dette du pays.

Validé par la Commission européenne, cet excédent, le premier depuis 2002, exclut des dépenses et recettes exceptionnelles, notamment les milliards d'euros consacrés à la recapitalisation du système bancaire et la restitution à Athènes des intérêts perçus par les banques centrales de la zone euro sur les obligations d'Etat qu'elles détiennent.

LA DETTE CULMINE À 175% DU PIB

Les discussions sur un éventuel allégement du poids de la dette débuteront au second semestre, a précisé Simon O'Connor, porte-parole de la Commission européenne.

Cet allégement passerait très probablement par un report des échéances des prêts accordés à Athènes, qui pourrait porter à 50 ans la durée de certains d'entre eux, et par une réduction simultanée de leur taux d'intérêt.

L'UE et le FMI ont versé 218 milliards d'euros à la Grèce depuis quatre ans et Athènes est censé recevoir 19 milliards supplémentaires d'ici la fin de l'année.

La BCE a en outre acheté une quarantaine de milliards d'euros d'obligations d'Etat grecques et Athènes a bénéficié en 2012 d'un allègement de 170 milliards de l'encours de sa dette, ce qui a contraint ses créanciers privés à de lourdes pertes.

Un nouvel allégement du poids de la dette viserait à permettre qu'une fois achevé, en 2016, le programme d'assistance du FMI, le ratio dette/PIB puisse être ramené à 124% en 2020 et nettement en dessous de 110% en 2022. Ce ratio a atteint 175,1% du PIB en 2013 contre 157,2% en 2012.

Eurostat a par ailleurs annoncé qu'Athènes avait ramené son déficit budgétaire, hors dépenses exceptionnelles de soutien à son secteur bancaire, à 2,1% du produit intérieur brut (PIB) contre 6,2% en 2012.

En incluant l'ensemble des dépenses publiques, le déficit grec a atteint 12,7% du PIB l'an dernier après 8,9% l'année précédente.

Mais le chiffre 2012 inclut des dépenses équivalant à 2,7% du PIB pour soutenir le secteur financier et en 2013, la recapitalisation des banques a représenté 10,6% du PIB.

(Jan Strupczewski, Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)