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Le décès des soldats russes en mission classé secret d'Etat

MOSCOU (Reuters) - Vladimir Poutine a décidé jeudi de classer comme relevant du secret d'Etat les décès de soldats russes impliqués dans des opérations spéciales en temps de paix, une décision qui intervient au moment où Moscou est accusé d'envoyer des troupes dans l'est de l'Ukraine. Le chef du Kremlin, qui a toujours démenti que des soldats étaient impliqués aux côtés de séparatistes ukrainiens, a amendé un décret qui classait comme confidentiels les décès de militaires seulement en temps de guerre. Le porte-parole du département d'Etat américain, Jeff Rathke, a jugé que cette modification portait un coup à la liberté de la presse et à la transparence. "Nous considérons cela comme une tentative malvenue de dissimuler ce que tout le monde sait, à savoir que des militaires russes d'active combattent et meurent dans l'est de l'Ukraine et que le gouvernement russe le nie", a-t-il déclaré à la presse. La controverse sur le rôle de la Russie dans l'est de l'Ukraine, où plus de 6.100 personnes sont mortes en plus d'une année de conflit, a déclenché une forte dégradation des relations diplomatiques entre Moscou et l'Occident. Des opposants russes ont rendu public un rapport dans lequel ils affirment que 220 soldats russes ont péri lors de violents combats dans l'est de l'Ukraine au cours de l'été dernier et au début de cette année. Sergueï Krivenko, qui dirige un groupe de défense des droits des militaires et siège au comité consultatif des droits de l'homme du Kremlin, souligne que le décret présidentiel est dans la logique de la situation en Russie. "Si les autorités russes disent officiellement qu'il n'y a pas de troupes russes en Ukraine, alors il ne peut non plus y avoir de pertes", dit-il. Un journaliste de Reuters a constaté cette semaine que l'armée russe concentrait des troupes sans insignes et des centaines d'armes le long de la frontière ukrainienne. Interrogé sur un possible plan d'invasion de l'Ukraine par la Russie, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié l'expression "d'inappropriée". (Gabriela Baczynska, Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)