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Un cyclone s'abat sur Vanuatu, l'Onu craint "le pire"

par Christopher McCall SYDNEY (Reuters) - L'archipel du Vanuatu, dans le Pacifique, a été balayé samedi par le cyclone Pam, accompagné de vents soufflant jusqu'à 340 km/h, qui a fait au moins huit morts, selon un bilan provisoire. Les agences humanitaires redoutent des pertes bien plus lourdes. Ce bilan a été communiqué par téléphone par le directeur de l'organisation Save the Children. Une vingtaine d'habitants ont également été blessés, a indiqué Tom Skirrow, citant des informations compilées par le centre national de gestion des catastrophes. Des arbres et des toits ont été arrachés, les lignes de communication coupées et les conduites d'eau potable endommagées. Ce cyclone de catégorie 5, le niveau maximal, s'est abattu vendredi soir sur cet archipel de Mélanésie et des témoins ont fait état de vagues de huit mètres et d'inondations à travers la capitale, Port-Vila. Une alerte cyclonique est en cours en Nouvelle-Calédonie, située au sud-sud-ouest du Vanuatu. L'île d'Ouvéa, dans les îles Loyauté, est à 400 km environ au sud-ouest de Port-Vila; Nouméa se trouve à 200 km plus au sud. Selon Météo France, le cyclone Pam génère des vents moyens estimés à 250 km/h, avec des rafales à 350 km/h, près de son centre. Il se déplace vers le sud-sud-est à environ 25 km/h et devrait progressivement accélérer. "Cette tragédie démontre, une fois de plus, l'urgence de lutter contre les dérèglements climatiques et d'aider les pays les plus vulnérables à y faire face", a réagi l'Elysée dans un communiqué. "La France est plus que jamais déterminée à obtenir un accord ambitieux lors de la Conférence sur le climat qui aura lieu à Paris en décembre prochain." Plus de 70% des catastrophes dites naturelles seraient liées au dérèglement climatique, selon des estimations rapportées par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui participe à la conférence mondiale des Nations unies sur la prévention des risques de catastrophes à Sendaï, au Japon. UNE IMPRESSION DE FIN DU MONDE Au Vanuatu, les communications avec le monde extérieur restaient en grande partie coupées samedi alors que les bourrasques de vent continuaient de souffler. "On a eu l'impression que c'était la fin du monde", a dit à Reuters Alice Clements, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), qui s'exprimait par téléphone portable depuis Port-Vila. "On dirait qu'une bombe a explosé au milieu de la ville. Il n'y a plus d'électricité. Il n'y a plus d'eau." La plupart des 260.000 habitants du Vanuatu vivent dans des bâtiments qui ne sont pas conçus pour résister à une telle tempête et, selon Alice Clements, ceux qui ont eu leur toit arraché se sont retrouvés dans l'incapacité de fuir en raison de la violence des vents. La crainte est particulièrement vive pour les milliers d'enfants de l'archipel. Aucun pillage n'a été signalé mais alors que la nuit tombait, des hommes armés de machette ont été vus dans les rues de Port-Vila. ISOLEMENT GÉOGRAPHIQUE L'Onu se prépare à déployer dimanche des équipes de secours d'urgence au Vanuatu mais on ignore si ses avions pourront atterrir, l'aéroport étant fermé et le cyclone continuant de sévir. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) de l'Onu fait état d'informations non confirmées sur la mort de 44 personnes dans des îles reculées du nord-est de l'archipel. Il faudra certainement plusieurs jours avant de connaître le nombre exact de victimes. Le Vanuatu est formé de 83 îles, dont un grand nombre seront difficiles à joindre. "Nous craignons le pire", a dit Sune Gudnitz, responsable régional du BCAH. "Le Vanuatu est très vulnérable en raison de sa situation au milieu de l'océan." Selon lui, Pam est d'une puissance comparable à celle de Haiyan, typhon ayant dévasté les Philippines en 2013, faisant plus de 6.000 morts. D'après les autorités, il faut remonter à 1987 pour retrouver trace du passage au Vanuatu d'un cyclone de cette puissance. La reconstruction sera sans doute un effort de longue durée, explique Chloe Morrison, porte-parole de l'ONG World Vision. "Les populations du Vanuatu vivent de l'agriculture vivrière, elles cultivent ce qu'elles consomment. Mais des récoltes entières vont être perdues", dit-elle. Le secteur touristique, autre moteur de l'activité économique qui emploie 15% de la population active, devrait aussi souffrir du passage du cyclone. Le gouvernement australien a annoncé qu'il était prêt à porter assistance au petit pays insulaire. Un décès a été confirmé en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les îles Salomon ont aussi été touchées. (Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français, avec Chine Labbé)