Le couple à l'épreuve du confinement : "Je ne sais pas à quoi ressemblera ma vie dans six mois à part que je serai toujours avec lui"

Comment vivent les couples qui partagent ensemble leur second confinement ? Quelles sont leurs appréhensions, leurs arrangements au quotidien ? Le lien s’est-il confirmé ou au contraire étiolé ? Le couple à l’épreuve du confinement raconte ces duos qui tentent, malgré un contexte difficile, de faire perdurer leur amour à l’ère d’une pandémie mondiale.

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Julie et Matthieu sont en couple depuis un an et demi. Au moment du premier confinement, tous deux au chômage, ils se sont confinés chez Matthieu : son appartement était le plus grand. Julie était un peu angoissée de partager une cohabitation forcée mais en garde un souvenir globalement doux et joyeux.

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“Pour lui qui est assez casanier, ça ne changeait pas grand-chose. Il était ravi d'être avec moi, on se faisait de bons petits plats, on avait nos moments d'indépendance dans la journée et c'était un peu la fête tous les soirs. Pour moi, ça a été parfois stressant ou pesant, mais il l'a toujours compris et me soutenait. Quand j'étais un peu plombée par tout ça, il m'a apporté la légèreté dont j'avais besoin. Je me suis sentie très très bien dans notre bulle. J'avais peur que la cohabitation ‘forcée’ soit difficile, notamment pour moi parce que j'ai pas mal besoin d'espace personnel. Au final c'était plutôt le bonheur. Ça a été très bizarre de rentrer chez moi au moment du déconfinement.”

Le premier confinement nous a plus rapprochés qu'autre chose.

Les principales difficultés qu’ils ont eues à partager sont les moments de stress de Julie. Pendant le premier confinement, elle souffre d’insomnies et de crises de panique. Mais Matthieu la soutient et leur couple en ressort plus fort : “On en a évidemment parlé. Il m'a soutenue là-dedans. Mais en soi, aucun problème entre nous, loin de là. Ça nous a plus rapprochés qu'autre chose.”

Un second confinement différent du premier

Pour ce second confinement, la donne a légèrement changée : Julie a trouvé du travail. “Je travaille dans une association qui fournit un service public, donc ma direction considère que nous devons rester au moins partiellement ouverts même s’ils ont télétravaillé tout le premier confinement et que ça c'était très bien passé. Là, c'est surtout un moment de négociation avec la direction pour réunir les jours de présentiel et donc être seulement séparée de Matthieu deux soirs par semaines.”

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Le lieu de travail de la jeune femme est très proche de son appartement, donc elle n’envisage pas d’autre solution que de vivre chez elle quand elle est obligée de se rendre à son travail – mais elle préfère, quand son employeur lui permet de télétravailler, le faire chez son partenaire. Ce dernier se montre d’ailleurs une nouvelle fois très compréhensif, et aménage un bureau pour qu’elle se retrouve dans les meilleures conditions possibles quand elle est chez lui.

J'ai considéré être confinée chez moi cinq jours sur sept et seulement voir Matthieu le week-end, voire carrément ne pas le voir, et là c'était la panique totale.

La jeune femme reste angoissée : “J'ai beaucoup appréhendé cette histoire de travail en présentiel. Déjà parce qu’éthiquement, je ne suis pas d'accord. Continuer à m'exposer c'est une chose, mais là, au moins trois jours par semaine, je m'expose et je fais déplacer des bénéficiaires pour des entretiens individuels. Je participe donc malgré moi à des mouvements de population en période de pandémie : ce n’est pas génial. Du coup, voulant rester alignée avec mes convictions, j'ai considéré être confinée chez moi cinq jours sur sept et seulement voir Matthieu le week-end, voire carrément ne pas le voir, et là c'était la panique totale.”

Plus forts à deux

Julie négocie avec son employeur et finit par ne devoir se déplacer à son bureau que deux fois par semaine : “C'est beaucoup plus raisonnable donc je me détends. Aujourd'hui, je suis en télétravail et malgré la perceuse dans le mur d'à côté et le fait devoir gérer des entretiens téléphoniques comme ça, je suis très sereine. Bref, le problème ce sont les autres, certainement pas Matthieu et moi.”

Je me dis qu'on est bien armés pour affronter la suite et les inévitables obstacles qui vont avec la vie et la vie de couple.

L’avenir, en ce qui concerne son couple, elle l’envisage sereinement : “Pour nous deux, je suis très optimiste. Je nous sens dans une relation solide où la communication est constante et saine. Avec cette année toute pourrie et notre façon de l'aborder, je me dis qu'on est bien armés pour affronter la suite et les inévitables obstacles qui vont avec la vie et la vie de couple. Pour le reste, c'est beaucoup beaucoup plus confus. Je trouve cette période très lourde. Il est difficile de ne rien pouvoir prévoir et objectivement je ne sais pas à quoi ressemblera ma vie dans six mois ou dans huit, mis à part que je serai toujours avec Matthieu.” En ces temps incertains, Julie sait bien que ce qui la porte, c’est la certitude de l’amour qui la lie avec son compagnon.

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