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Le copilote Lubitz voulait que tout le monde connaisse son nom

BERLIN (Reuters) - Andreas Lubitz disait qu'un jour il "changerait le système" et que "tout le monde connaîtrait son nom", affirme samedi dans le quotidien allemand Bild une ancienne compagne du copilote de l'Airbus A320 de la Germanwings soupçonné d'avoir précipité l'avion contre une paroi des Alpes. "Lorsque j'ai appris cet accident, je me suis souvenue d'une phrase qu'il avait prononcée: 'Un jour, je ferai quelque chose qui changera le système et alors tout le monde connaîtra mon nom et s'en souviendra", confie-t-elle dans une interview accordée à Bild. "Je n'ai pas compris alors ce qu'il avait voulu dire, mais aujourd'hui, c'est clair", poursuit cette hôtesse de l'air de 26 ans qui a eu une liaison avec le pilote de la filiale low-cost de la Lufthansa en 2014. Maria W. ajoute que Lubitz avait compris qu'"en raison de ses problèmes de santé, son grand rêve de travailler pour la Lufthansa comme pilote sur des vols long-courriers était pratiquement impossible". "Nous avons toujours beaucoup parlé du travail, et il devenait alors quelqu'un d'autre, il s'énervait à propos des conditions de travail: trop peu payé, peur de perdre son emploi, trop de pression." "Il ne parlait pas beaucoup de sa maladie, disait seulement qu'il était en traitement psychiatrique", poursuit-elle. "Quand nous discutions, il perdait tout à coup son calme et me criait dessus (...) La nuit, il se réveillait et criait 'nous tombons' parce qu'il faisait des cauchemars". CÉRÉMONIE NATIONALE Andreas Lubitz, qui était âgé de 27 ans, s'est enfermé seul dans le cockpit de l'avion et a probablement provoqué la catastrophe, entraînant dans la mort les 149 autres passagers et membres d'équipage de l'appareil qui effectuait mardi la liaison entre Barcelone et Düsseldorf. Les éléments recueillis depuis le drame ont dessiné le profil d'un homme psychologiquement fragile, victime d'un "épisode dépressif grave" en 2009. Lors d'une conférence de presse jeudi, le président du directoire de la Lufthansa, Carsten Spohr, avait déclaré que le jeune pilote avait pris un congé de plusieurs mois lors de sa période de formation il y a six ans sans fournir les motifs de cet arrêt. La justice allemande a révélé vendredi que le copilote avait un certificat d'arrêt de travail et qu'il n'aurait pas dû voler mardi dernier, mais qu'il l'a dissimulé à son employeur et à ses collègues. Le jeune homme avait en outre demandé à être soigné pour des problèmes de vue qui risquaient de compromettre sa carrière, indique samedi le New York Times, citant des sources officielles. A Düsseldorf, le chef des enquêteurs français a appelé à la prudence avant de tirer toute conclusion sur la cause du crash. "Il est évident qu'il y a une orientation connue médiatiquement qui fait l'objet d'une attention particulière", a souligné Jean-Pierre Michel à la presse. "Pour autant nous n'avons pas aujourd'hui le droit d'écarter toutes les autres hypothèses, y compris l'hypothèse mécanique tant qu'on n'a démontré que l'appareil ne présentait aucune difficulté." La Lufthansa a offert de verser immédiatement une assistance financière de 50.000 euros aux familles de chacune des victimes de la catastrophe. La compagnie et sa filiale low-cost Germanwings ont publié samedi dans plusieurs titres de presse un communiqué dans lequel elles expriment leur "profonde sympathie" et leurs "sincères condoléances". Une cérémonie nationale de deuil en hommage aux victimes se tiendra le 17 avril dans la cathédrale de Cologne en présence de la chancelière Angela Merkel et d'autres dirigeants européens, français et espagnol notamment. Dans les Alpes de Haute-Provence, où l'A320 de Germanwings s'est écrasé mardi en fin de matinée, une messe a été célébrée à la cathédrale de Digne-les-Bains, tandis que la recherche des corps se poursuivait en vue de leur identification. "Je pense que nous devrions être en mesure de procéder à l'ensemble des identifications", a déclaré vendredi à la presse le colonel Patrick Touron, directeur adjoint de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). (Michael Nienaber avec Eric Gaillard à Seyne-les-Alpes et Marine Pennetier à Paris,; Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)