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Nouvelles résolution et sanctions adoptées contre Pyongyang

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi à l'unanimité de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord en réaction au sixième essai nucléaire du régime mené le 3 septembre dernier. /Photo prise le 11 septembre 2017/REUTERS/Stephanie Keith

par Michelle Nichols et Jack Kim NATIONS UNIES (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi à l'unanimité de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord, en réaction au sixième essai nucléaire du régime mené le 3 septembre dernier. Le texte présenté par les Etats-Unis représente la neuvième résolution adoptée à l'unanimité depuis 2006 par les quinze membres du Conseil de sécurité pour sanctionner la Corée du Nord. Après son adoption, le Japon et la Corée du Sud se sont déclarés prêts à exercer davantage de pressions si Pyongyang refusait d'arrêter de mettre au point des armes nucléaires et des missiles balistiques. La résolution prévoit notamment une suspension des exportations textiles de la Corée du Nord et impose un plafond aux importations de pétrole brut à destination du pays. Elle impose en outre des mesures destinées à empêcher que le régime nord-coréen ne retire des devises fortes des 93.000 travailleurs nord-coréens expatriés, ont indiqué les Etats-Unis. "Cette interdiction privera au bout du compte le régime de 500 millions de dollars, voire davantage, de revenus annuels", a déclaré la représentante permanente des Etats-Unis aux Nations unies, Nikki Haley. La résolution invite les pays à inspecter des navires en haute mer s'ils estiment avoir des raisons valables de penser qu'ils transportent une cargaison illicite. Elle interdit d'autre part les coentreprises avec des entités nord-coréennes, hormis pour des projets d'infrastructures publiques à but non lucratif. Washington ne recherche pas la guerre avec la Corée du Nord, a déclaré Nikki Haley à l'issue du vote, et Pyongyang "n'a pas encore passé le point de non-retour". PÉKIN VEUT LA REPRISE DES NÉGOCIATIONS Si la Corée du Nord pays "accepte d'arrêter son programme nucléaire, elle pourra renouer avec son avenir. Si elle prouve qu'elle peut vivre en paix, le monde vivra en paix avec elle", a-t-elle déclaré, avant de souligner le rôle joué par la relation sino-américaine dans le succès du texte. "La résolution d'aujourd'hui n'aurait pas pu exister sans la relation forte qui s'est développée entre le président Trump et le président chinois Xi", a-t-elle dit. Les Etats-Unis ont atténué leur projet de résolution initial en vue de remporter le soutien de la Chine, principal allié de la Corée de la Nord, et de la Russie. "C'est un compromis pour mettre tout le monde d'accord", estimait l'ambassadeur français François Delattre avant le vote. A l'issue du vote, l'ambassadeur chinois aux Nations unies, Liu Jieyi, a invité la Corée du Nord à "prendre au sérieux les attentes et la volonté de la communauté internationale" en vue de suspendre son développement nucléaire et balistique. Liu Jieyi s'est dit favorable à une reprise des négociations "au plus vite" et a appelé les parties prenantes à "garder la tête froide" pour éviter d'aggraver les tensions. En vue de lancer des pourparlers, Pékin et Moscou ont proposé une suspension des essais nord-coréens, mais aussi des exercices militaires conjoints des Etats-Unis et de la Corée du Sud, une condition jugée insultante par l'émissaire américaine Nikki Haley. TEXTILES: 2e SECTEUR DES EXPORTATIONS "Nous pensons que c'est une grande erreur de sous-estimer cette initiative de la Russie et de la Chine. Elle reste sur la table du Conseil de sécurité et nous allons insister pour qu'elle soit considérée", a déclaré l'ambassadeur de Russie à l'Onu, Vassili Nebenzia. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, n'a pas tardé à se féliciter de la résolution et a estimé après son adoption qu'il était important d'obtenir un changement de cap de Pyongyang via une intensification des pressions sur le régime. "Le Japon entend être, en coordination avec les autres pays, à la pointe des efforts pour obtenir un changement d'orientation de la part Pyongyang", a dit Shinzo Abe mardi à la presse. Quant au ministre japonais de la Défense, Itsunori Onodera, il a prévenu que de nouvelles "provocations" étaient possibles de la part de Pyongyang. A Séoul, la Maison bleue (siège de la présidence) a estimé mardi que la seule façon pour Pyongyang d'en finir avec son isolement diplomatique et de se libérer des pressions économiques était de renoncer à son programme nucléaire et de renouer avec le dialogue. "La Corée du Nord doit comprendre que le défi téméraire lancé à la paix dans le monde ne fera qu'accroître les sanctions internationales contre elle", a déclaré la Maison bleue. Les exportations de produits textiles représentaient en 2016 le deuxième secteur d'exportation de l'économie de la Corée du Nord, derrière le charbon et les minerais, pour un total de 752 millions de dollars, principalement à destination de la Chine (80%). Le texte impose une interdiction des exportations vers la République populaire démocratique de Corée de condensats de gaz et de gaz naturel liquéfié, plafonne à deux millions de barils par an les importations de pétrole raffiné et limite à leurs niveaux actuels les importations de pétrole brut. Selon un responsable américain proche du dossier, le pays importe chaque année 4,5 millions de barils de pétrole raffiné et quatre millions de barils de brut, principalement en lien avec la Chine. (avec Hyonhee Shin et Christine Kim à Séoul, Philip Wen à Pékin, Kaori Kaneko à Tokyo et David Brunnstrom à Washington; Julie Carriat et Eric Faye pour le service français)