Le Conseil présidentiel libyen est à Tripoli

par Hani Amara TRIPOLI (Reuters) - Sept des neuf membres du Conseil présidentiel libyen, soutenu par les Nations unies, sont arrivés mercredi par la mer à Tripoli en provenance de Tunisie, malgré l'opposition des autorités sur place. Ils sont conduits par Fayez Seraj, chef du Conseil présidentiel et Premier ministre du gouvernement d'union nationale formé avec l'appui de l'Onu à l'issue de longues négociations qui ont abouti en décembre dernier. L'installation de ce gouvernement rencontre de fortes oppositions dans le pays. Le groupe, a déclaré Fayez Seraj à Reuters, a quitté le port tunisien de Sfax à bord d'un navire de la marine libyenne et a gagné au bout de douze heures la base navale d'Abousita, non loin du centre de Tripoli, au milieu d'importantes mesures de sécurité. "Nous avons bien des défis à relever, notamment la nécessité d'unir tous les Libyens et de surmonter les divisions", a-t-il dit peu après son arrivée. "Les jeunes doivent pouvoir croire en l'avenir de la Libye." Le gouvernement formé à Tripoli en 2014, qui n'a jamais été reconnu par la communauté internationale, et les groupes armés qui le soutiennent avaient demandé ces derniers jours au gouvernement d'union de ne pas chercher à gagner la capitale. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault salue dans un communiqué cette "décision courageuse" de gagner Tripoli et indique que "le gouvernement d'unité nationale libyen peut compter sur le soutien total de la France pour faire face aux défis auxquels la Libye est confrontée, au premier rang desquels l'urgente nécessité de mettre un terme à la progression de Daech." Dimanche et lundi, l'espace aérien avait été fermé pendant plusieurs heures dans la région de Tripoli, apparemment pour empêcher le Conseil présidentiel de venir par avion dans la capitale, où on été signalés ces derniers jours des affrontements sporadiques. FORTES OPPOSITIONS Aux premières heures de mercredi, de fortes explosions et des fusillades nourries ont été entendues dans la ville. Avant de se rendre à Tripoli, le Conseil présidentiel a annoncé avoir négocié avec les forces déployées dans la capitale un plan en vue d'y rétablir l'ordre. Depuis 2014, la Libye a deux gouvernements et deux parlements rivaux, basés l'un à Tripoli, le Congrès général national (CGN), l'autre dans l'est du pays, la Chambre des représentants. Fathi al-Mrimi, un porte-parole de la Chambre des représentants qui siège à Tobrouk, a jugé "prématurée" la venue du Conseil présidentiel à Tripoli. "Ils sont entrés par force et sous la protection de l'étranger mais les Libyens n'accepteront jamais un pouvoir imposé par la force", a-t-il dit à Reuters. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Martin Kobler, qui n'avait pu le week-end dernier se rendre à Tripoli, s'est réjoui de l'arrivée du Conseil présidentiel dans la capitale, ajoutant que la communauté internationale était "prête à lui fournir toute l'aide nécessaire". A la mi-mars, le Conseil présidentiel a invité les institutions libyennes à lancer le processus de transfert du pouvoir au nouveau gouvernement d'union, qui compte 18 membres, et a demandé à la communauté internationale de ne plus traiter qu'avec ce gouvernement. Les Occidentaux espèrent qu'un gouvernement d'union permettra d'endiguer la menace djihadiste posée par l'Etat islamique (EI), qui a profité du vide politique pour prendre pied en Libye, s'emparant notamment de la ville de Syrte, l'ancien bastion de Mouammar Kadhafi. (Avec Ayman al-Warfalli à Benghazi; Guy Kerivel pour le service français)