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Le Conseil de l’Europe place la Turquie “en observation”

La Turquie dans le viseur du Conseil de l’Europe. L’institution, qui siège à Strasbourg, a décidé d’ouvrir une procédure de suivi à l’encontre du pays. La résolution a été votée par l’assemblée parlementaire par 113 voix contre 45 et 12 abstentions. Celle-ci invoque la régression démocratique de la Turquie depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier. L’Assemblée “s’inquiète que l‘état d’urgence [qui a suivi le coup d’Etat manqué], serve non seulement à exclure des institutions étatiques les personnes impliquées dans le coup d’Etat, mais également à faire taire toutes les voix critiques et à générer un climat de crainte parmi les citoyens ordinaires et les universitaires, au sein des organisations non gouvernementales et des médias indépendants, au risque d‘ébranler les fondations d’un Etat démocratique”. La Turquie a déjà fait l’objet d’une procédure de suivi entre 1996 et 2004. Cette mesure soumet le pays à un contrôle plus étroit du respect de ses engagements en matière de droits de l’homme, engagements auxquels il a souscrit en adhérant au Conseil de l’Europe. L’organisme comprend 47 Etats membres dont les 28 de l’Union européenne. Le ministère turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a fermement condamné cette décision. Il l’a jugée “injuste” et a estimé qu’Ankara n’avait d’autre choix que de “reconsidérer les termes de sa relation” avec le conseil de l’Europe. Il a ajouté que la xénophobie et de l’islamophobie “se propageaient de façon violente” en Europe. Le Conseil de l’Europe s’inquiète également de la régression de l’Etat de droit, et de la concentration des pouvoirs opérée par Recep Tayyip Erdogan depuis le référendum du 16 avril. Le camp du président turc avait remporté le scrutin d’une courte tête avec 51,4% des voix. Ce mardi, une haute cour administrative turque a rejeté un recours du principal parti d’opposition concernant le référendum. Le CHP (pro-kurde) contestait la légalité d’une décision de dernière minute du Haut-Conseil électoral turc (YSK) de considérer comme valides les bulletins de vote non marqués du sceau officiel, affirmant qu’elle pourrait avoir favorisé la victoire du camp du oui.