Le conseil d'Aetna devrait approuver le rachat par CVS pour 68 milliards de dollars

par Carl O'Donnell et Greg Roumeliotis

NEW YORK (Reuters) - Le conseil d'administration d'Aetna s'est réuni dimanche pour approuver la vente de l'assureur santé américain à la chaîne de pharmacies CVS Health pour environ 207 dollars par action en numéraire et en titres, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Cette opération estimée à 68 milliards de dollars (57,15 milliards d'euros) serait la plus importante acquisition de l'année.

CVS envisage de financer la transaction essentiellement en numéraire mais elle utilisera aussi ses propres actions pour régler environ 30% du montant de l'opération, ont dit les sources.

CVS et Aetna n'ont pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de Reuters.

Les assureurs santé et les réseaux de pharmacies aux Etats-Unis sont incités à se rapprocher en raison d'une multitude de facteurs, de la généralisation de la couverture maladie mise en place par l'Obamacare à la hausse des prix des médicaments en passant par la concurrence menaçante des distributeurs en ligne comme Amazon.

CVS prévoit d'utiliser ses centres de soins à bas coûts pour économiser à terme plus d'un milliard de dollars par an en remboursement de frais de santé pour les quelques 23 millions de membres affiliés à Aetna, ont dit les sources.

Une entité fusionnée aurait en outre une capacité de négociation renforcée pour obtenir des médicaments moins chers tandis qu'un tel mariage pourrait aussi augmenter les ventes des pharmacies du réseau CVS.

Ce dernier prévoit d'investir des milliards de dollars dans les années à venir dans l'accroissement du nombre de centres de soins et dans le développement de ses services, essentiellement en y affectant des fonds initialement programmés pour d'autres investissements.

PEU DE PROBLÈMES DE CONCURRENCE A PRIORI

Pour renforcer la maîtrise de ses coûts face aux nouvelles exigences induites par l'Obamacare, Aetna a cherché à racheter son concurrent Humana mais a finalement renoncé cette année au vu de l'opposition des autorités de la concurrence, qui ont également empêché une fusion entre les assureurs santé Anthem et Cigna.

Les analystes pensent qu'un mariage entre CVS et Aetna pourrait servir d'exemple stratégique à d'autres acteurs du secteur et donner le coup d'envoi d'une série de méga-fusions du même type.

CVS et Aetna n'interviennent pas au même échelon du système de santé aux Etats-Unis mais le département de la Justice s'est montré plus sourcilleux récemment en ce qui concerne les fusions verticales, dans lesquelles les entreprises ne sont pas en concurrence directe et opèrent à des niveaux différents de la chaîne de production.

Le département de la Justice a ainsi porté plainte le mois dernier pour tenter de bloquer le rachat pour 85,4 milliards de dollars du groupe de médias et de divertissement Time Warner par l'opérateur télécoms AT&T, une opération qui à ses yeux réduira les choix des consommateurs en termes de contenus à disposition.

Un mariage entre CVS et Aetna pourrait susciter le même type d'inquiétudes chez les autorités de la concurrence si ces dernières craignent qu'il n'empêche les clients d'Aetna de fréquenter d'autres pharmacies ou d'autres gestionnaires de prescriptions médicales (PBM) que CVS, ont dit plusieurs investisseurs ayant requis l'anonymat.

Quatre experts des questions de concurrence interrogés par Reuters jugent toutefois très probable un feu vert des autorités de la concurrence à un rapprochement entre CVS et Aetna, éventuellement assorti de conditions.

(Avec Caroline Humer à New York et Diane Bartz à Washington; Bertrand Boucey pour le service français)