Le Congrès veut enquêter sur les échanges Trump-Poutine

Une commission du Congrès des Etats-Unis a lancé lundi une offensive tous azimuts contre Donald Trump, demandant à pas moins de 81 personnes et institutions de lui fournir des documents dans le cadre d'une enquête sur de possibles obstructions à la justice et abus de pouvoir. /Photo prise le 2 mars 2019/REUTERS/Joshua Roberts

WASHINGTON (Reuters) - Les démocrates du Congrès américain ont lancé lundi une offensive contre le président Donald Trump, demandant des informations sur ses échanges avec son homologue russe Vladimir Poutine et à pas moins de 81 sources des documents dans le cadre d'une enquête sur de possibles obstructions à la justice.

Trois commissions parlementaires de la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, ont écrit lundi à la Maison blanche et au département d'Etat pour obtenir des détails sur les échanges entre Trump et Poutine, demandant à pouvoir interroger les traducteurs et les autres représentants impliqués dans les discussions entre les deux dirigeants.

Les parlementaires ont fait part de leur inquiétude à la suite de la parution d'articles de presse relatant comment Donald Trump a tenté de détruire les notes qu'il avait prises lors d'au moins l'un de ses entretiens avec Vladimir Poutine.

Cette demande a été rejetée par la Maison blanche, une porte-parole estimant que le président des Etats-Unis, dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles, était autorisé à avoir "des conversations franches en tête-à-tête avec des chefs d'Etat étrangers".

"Il peut choisir de partager ou non publiquement le contenu de ces discussions, celles-ci étant de nature sensible - comme toutes les discussions diplomatiques", a ajouté cette porte-parole, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

La requête des parlementaires intervient alors que la puissante commission judiciaire de la Chambre des représentants a demandé à pas moins de 81 personnes et institutions de lui fournir des documents dans le cadre d'une enquête sur de possibles obstructions à la justice et abus de pouvoir.

Des membres de la famille du président américain, dont son fils, Eric Trump, et son gendre, Jared Kushner, font partie des personnes sollicitées par la puissante commission judiciaire de la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates.

Les élus ont aussi réclamé des documents à des membres actuels ou passés de l'administration Trump, comme l'ancien ministre de la Justice Jeff Sessions, ainsi qu'à des responsables de la Maison blanche, du FBI, de la Trump Organization et même de WikiLeaks.

"Nous avons constaté les dégâts causés à nos institutions démocratiques pendant les deux années où le Congrès a refusé d'exercer son autorité de contrôle", a déclaré le président de la commission, Jerrold Nadler. "Le Congrès doit contrôler les abus de pouvoir."

Aux correspondants à la Maison blanche qui lui demandaient s'il entendait coopérer avec la commission, Donald Trump a répondu: "Je coopère tout le temps avec tout le monde."

Trump est la cible d'enquête de plusieurs commissions du Congrès, en plus de celle du procureur spécial Robert Mueller sur les ingérences de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016 et l'éventuelle collusion entre Moscou et son équipe de campagne.

Les élus vont notamment chercher à déterminer si Trump s'est rendu coupable d'obstruction à la justice en écartant de leurs fonctions des responsables du département de la Justice, comme l'ancien chef du FBI James Comey, ou d'abus de pouvoir en promettant la grâce présidentielle à d'anciens proches poursuivis en justice ou en se livrant à une subornation de témoins.

(David Morgan et Sarah N. Lynch, avec Roberta Rampton et Steve Holland; Tangi Salaün et Jean Terzian pour le service français)