Le complot contre un avion à Sydney "inspiré et dirigé par l'EI"

SYDNEY (Reuters) - Deux des quatre hommes interpellés le week-end dernier dans la région de Sydney ont été inculpés pour des faits de terrorisme, dont un projet d'attentat "inspiré et dirigé par l'Etat islamique" contre un avion de la compagnie Etihad Airways, a annoncé vendredi la police australienne. Ils sont également accusés d'avoir voulu mettre au point une arme chimique artisanale destinée à répandre un gaz toxique dans un lieu public. L'enquête a pu déterminer que les suspects avaient été aidés à distance par des membres de l'organisation Etat islamique en Syrie pour leur complot contre Etihad, a déclaré le commissaire adjoint de la police fédérale en charge de la sécurité nationale, Michael Phelan, lors d'une conférence de presse. Les premiers contacts entre les suspects et l'EI ont été établis en avril dernier. L'un des suspects aurait pris contact avec son frère, commandant de l'organisation djihadiste en Syrie. Des explosifs leur ont été envoyés par avion cargo en provenance de la Turquie et la bombe artisanale, "totalement opérationnelle", a été fabriquée grâce à l'assistance de ce commandant, a dit Michael Phelan sans l'identifier nommément. Les deux suspects comptaient placer cet engin explosif improvisé à bord d'un vol de la compagnie d'Abou Dhabi au départ de Sydney. La bombe, maquillée en hachoir à viande, a été transportée jusqu'aux comptoirs d'embarquement de l'aéroport le 15 juillet dernier par le frère d'un des suspects. "Nous supposons que la personne qui transportait l'IED ignorait qu'elle transportait un IED", a déclaré Michael Phelan. EXPLOSIF MILITAIRE Ce qui s'est passé ensuite est plus confus, mais il semble que l'un des accusés ait quitté l'aéroport en emportant le bagage avec lui. Le frère a pris l'avion et n'est pas retourné depuis en Australie. L'IED, a souligné Michael Phelan, n'a donc pas passé les contrôles de sécurité. "C'est l'un des complots les plus sophistiqués jamais imaginés sur le sol australien", a commenté le commissaire. "L'explosif était de très haute qualité. (...) Je ne veux pas entrer dans les détails car des examens sont toujours en cours pour en déterminer l'exactitude mais c'est un explosif militaire de haute qualité." Les mêmes hommes ont tenté de fabriquer une arme destinée à libérer du sulfure d'hydrogène, un gaz toxique, mais rien ne laisse supposer qu'elle aurait servi au projet d'attentat contre l'avion d'Etihad, a ajouté le commissaire. Les deux suspects risquent une peine de réclusion à perpétuité. La justice a rejeté leur libération sous caution vendredi. Leur prochaine comparution a été fixée au 14 novembre. Quant aux deux autres hommes interpellés le week-end dernier, l'un a été relâché et l'autre est toujours en garde à vue. L'Australie, alliée des Etats-Unis en Afghanistan ou en Irak, est en alerte renforcée depuis 2014 contre des projets d'attentats islamistes. (Jonathan Barrett, Tom Westbrook; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)