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"Le cheikh aveugle", Omar Abdel-Rahman, meurt en prison aux USA

WASHINGTON/LE CAIRE (Reuters) - Le prédicateur islamiste égyptien Omar Abdel-Rahman, reconnu coupable d'un attentat à la bombe contre le World Trade Center à New York en 1993, est mort samedi en prison aux Etats-Unis, a annoncé son fils. Surnommé "le cheikh aveugle", Omar Abdel-Rahman, qui avait 78 ans, purgeait une peine de réclusion criminelle à perpétuité dans un pénitencier de Caroline du Nord. L'administration pénitentiaire américaine a confirmé son décès, de causes naturelles, enregistré à 09h40 (14h40 GMT) au centre médical fédéral du pénitencier de Butner. Omar Abdel-Rahman souffrait de diabète depuis l'enfance et de problèmes artériels. L'attentat à la camionnette piégée du 26 février 1993 dans un parking d'une des deux tours du World Trade Center - détruites le 11 septembre 2001 - avait fait six morts et un millier de blessés. Malgré plus de vingt ans passés en prison, le "cheikh aveugle", qui avait perdu la vie dans son enfance en raison de son diabète et étudié le Coran en braille, était toujours considéré comme un leader spirituel par les islamistes radicaux. Un an avant le 11-Septembre, Oussama ben Laden avait promis de lancer le djihad pour le libérer de prison. Plus récemment, Mohamed Morsi, éphémère président islamiste de l'Egypte, avait annoncé en 2012 que sa libération serait l'un des objectifs de sa politique étrangère. "GUERRE DE TERRORISME URBAIN" Ses prêches enflammés en avaient fait une des figure de l'islam radical dans les années 1980 et 1990. Proche de la Gamaa al-Islamiya (groupe islamique), il avait été emprisonné et accusé d'être l'auteur d'une fatwa appelant à la mort d'Anouar Sadate, le président égyptien assassiné en 1981. Acquitté, il s'était exilé en 1990 et avait réussi à se rendre à New York après avoir obtenu cette année-là un visa touristique auprès de l'ambassade américaine au Soudan. Son nom figurait pourtant sur la liste noire du département américain d'Etat des individus liés à des groupes terroristes. Les autorités américaines avaient imputé ce raté à un problème informatique, ce qui ne l'avait pas empêché d'obtenir en 1991 une "carte verte" et un statut de résident permanent. A l'époque, le New York Times avait révélé que la CIA avait validé sa demande au nom de son combat avec les moudjahidine d'Afghanistan contre les Soviétiques dans les années 1980. Etabli à Brooklyn et Jersey City, Omar Abdel-Rahman avait repris ses sermons dans plusieurs mosquées, attirant à lui des musulmans fondamentalistes, dénonçant Israël et le gouvernement égyptien. Des enregistrements de ses prêches continuaient de circuler au Moyen-Orient. Abdel-Rahman et ses disciples avaient été liés à l'assassinat en 1990 à New York du rabbin Meier Kahn puis associés au meurtre en 1992 de l'écrivain laïc et antifondamentaliste égyptien Faraj Fouda et à des attaques contre des touristes étrangers en Egypte. En 1992, l'administration américaine avait annulé sa "carte verte". Il faisait l'objet d'un ordre d'expulsion lors de l'attentat du 26 février 1993. Arrêté quatre mois plus tard, jugé en 1995 avec plusieurs de ses condisciples, il avait été déclaré coupable d'association avec les auteurs de l'attentat. Selon l'acte d'accusation, il s'apprêtait à "appeler à une guerre de terrorisme urbain contre les Etats-Unis". Abdel-Rahman n'avait pas témoigné lors de son procès, mais le jour de l'audience où sa peine avait été fixée, il s'était lancé dans un long discours proclamant son innocence et dénonçant les Etats-Unis comme ennemi de l'islam. (Bill Trott à Washington et Mohammed Abdellah au Caire; Gilles Trequesser et Henri-Pierre André pour le service français)