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Le chef du Labour veut convaincre de sa crédibilité économique

par William James et Andrew Osborn MANCHESTER/LONDRES (Reuters) - Le chef de l'opposition travailliste britannique, Ed Miliband, a dévoilé lundi un programme grâce auquel il espère surmonter un déficit de crédibilité en matière économique et faire décoller sa campagne pour les élections législatives du 7 mai, le scrutin peut-être le plus serré en Grande-Bretagne depuis les années 1970. "Cela fait quatre ans et demi que je suis évalué", a déclaré Ed Miliband devant des partisans réunis à Manchester, bastion de l'Angleterre travailliste. "J'ai été évalué pour obtenir l'immense privilège de diriger ce pays. Je suis prêt." "Il y a un projet pour changer notre pays. C'est un programme qui montre que le Labour est un parti de changement, mais aussi un parti responsable." Présenté comme un programme à destination de "la population active britannique", le texte est bâti autour de l'idée selon laquelle l'économie subit un déséquilibre injuste qui profite aux grandes entreprises et aux plus riches au détriment des classes moyennes. Jugés moins à l'aise que les conservateurs sur les questions économiques, les travaillistes se sont efforcés de démontrer que chacune de leurs promesses électorales serait financée sans qu'il soit nécessaire d'emprunter et qu'ils seraient en mesure de réduire chaque année le déficit public britannique et d'équilibrer le budget d'ici 2020. DÉFI Sur ce point, le programme travailliste est un peu plus souple que celui des conservateurs qui promettent de dégager un excédent d'ici l'exercice 2018-2019. Le parti de David Cameron ne s'épargne aucune peine pour tenter de démontrer l'incompétence du Labour en matière économique. Le Premier ministre souligne souvent que lors du dernier passage des travaillistes au 10, Downing Street, de 1997 à 2010, le déficit public britannique a atteint des records sans précédent en temps de paix. Fils d'un intellectuel marxiste d'origine polonaise, Ed Miliband a pris les rênes du parti travailliste en 2010 en battant son frère David. Dans un entretien publié dimanche, il se compare à d'anciens chefs de gouvernement, expliquant marcher dans les pas de Clement Attlee, Harold Wilson ou encore Tony Blair, qui ont tous, chacun à leur manière, bouleversé la politique en Grande-Bretagne. "Oui, c'est un défi pour nous de montrer que nous sommes crédibles sur l'économie et que nous allons réduire le déficit. Je le sais", a dit Ed Miliband. Ministre des Finances potentiel, le travailliste Ed Balls s'est engagé à s'attaquer aux règles qui entourent les groupes de capital-investissement et les fonds d'investissement et à accorder de nouvelles prérogatives au fisc. Le programme économique travailliste contient en outre des projets déjà annoncés qui visent à mettre fin à la prépondérance des grandes entreprises dans le secteur de l'énergie. David Cameron dévoilera mardi le programme des conservateurs, proposant une vision sensiblement différente de celle des travaillistes. Les Tories prônent un Etat moins interventionniste, une réduction des comptes publics et un remboursement de la dette sans lever d'impôts. Le Parti conservateur est crédité d'une avance de six points sur les travaillistes dans un sondage réalisé par l'institut ICM et publié lundi par le quotidien The Guardian. Deux autres études, réalisées par les instituts Populus et Ashcroft, situent toujours les deux grandes formations politiques au coude-à-coude, avec 33% des suffrages chacune. L'enquête d'opinion réalisée par ICM du 10 au 12 avril accorde 39% d'intentions de vote aux conservateurs, une hausse de trois points, un niveau qu'ils n'ont plus atteint depuis mars 2012. Les travaillistes recueilleraient 33%, un recul de deux points. (Nicolas Delame pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)