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Le CFCM reçu en urgence par Bernard Cazeneuve sur le burkini

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, s'est dit "rassuré" mercredi après avoir été reçu en urgence à sa demande par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve au sujet de la polémique sur le "burkini", qui a suscité une forte inquiétude chez les musulmans de France. /Photo d'archives/REUTERS/Gonzalo Fuentes

PARIS (Reuters) - Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) s'est dit "rassuré" mercredi après avoir été reçu en urgence à sa demande par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve au sujet de la polémique sur le "burkini", qui a suscité une forte inquiétude chez les musulmans de France. L'instance représentative de l'islam de France juge "préoccupante" la tournure du débat sur le port de ce vêtement de bain couvrant l'essentiel du corps. Plusieurs communes côtières du Sud-Est et du Nord, dont Nice et le Touquet, ont pris des arrêtés pour bannir ce vêtement. Le Conseil d'Etat examinera jeudi des recours contre l'un d'eux. "Il peut être pris des arrêtés en cas de trouble à l'ordre public (...) mais ces arrêtés doivent être pris dans un cadre où les mesures sont rigoureusement proportionnées", a déclaré Bernard Cazeneuve à l'issue de sa rencontre avec Anouar Kbibech, président du CFCM. "La mise en oeuvre de la laïcité et la possibilité de prendre ces arrêtés ne doit pas conduire à des stigmatisations ou à l'antagonisation de Français les uns contre les autres", a-t-il ajouté. "Moins de fraternité, c'est plus de faiblesse face au risque terroriste." Le président du CFCM, venu transmettre la forte "inquiétude" et "l'émotion" de nombreux musulmans de France face à cette polémique, s'est dit "totalement rassuré" par les propos du ministre. Plus tôt, Anouar Kbibech avait déploré dans un communiqué que "certains maires instrumentalisent cette affaire à des fins exclusivement électorales et politiques". "Dans certaines villes, l'interdiction du burkini a été décrétée en l'absence même de cas constatés", soulignait-il. Une femme a été verbalisée le 16 août sur une plage de Cannes pour le port d'un simple voile, créant la "stupéfaction" au Parti socialiste. Des images de policiers obligeant une femme sur la plage de Nice à ôter une tunique ont par ailleurs fait le tour du web. Pour Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, qui dépend du CFCM, cette "stigmatisation ne fait qu'encourager les recruteurs de Daech (l'Etat islamique, NDLR)". Le Premier ministre, Manuel Valls, a apporté la semaine dernière son soutien aux maires qui ont pris des arrêtés anti-burkini. Il a estimé que les plages devaient être "préservées des revendications religieuses" mais exclu de légiférer sur le sujet. (Chine Labbé, édité par Emmanuel Jarry)