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Le capo Riina est mort mais pas Cosa Nostra

Le village de Corleone en Sicile. La mort de "Toto" Riina ne signifie pas la fin de Cosa Nostra mais il est douteux qu'un autre capo concentre un jour autant de pouvoirs qu'il en avait à la tête de l'organisation mafieuse. /Photo d'archives/REUTERS

ROME (Reuters) - La mort de "Toto" Riina ne signifie pas la fin de Cosa Nostra mais il est douteux qu'un autre capo concentre un jour autant de pouvoirs qu'il en avait à la tête de l'organisation mafieuse.

L'ancien parrain redouté de la mafia sicilienne est décédé vendredi de causes naturelles en prison, au lendemain de son 87e anniversaire.

"La mort de Riina ne signifie pas la fin de Cosa Nostra", estime le premier magistrat de la capitale de la Sicile, Palerme.

Pour Francesco Lo Voi, "ce qu'il faut voir maintenant c'est si les hommes de Cosa Nostra vont lui chercher un successeur direct ou mettre en place une nouvelle structure".

L'organisation de la mafia sicilienne a toujours été de type militaire mais avant Riina il n'y avait jamais eu de "capo di tutti i capi", le "parrain des parrains".

Ces "parrains" avaient chacun leur territoire et se réunissaient en "commission" pour discuter de la stratégie à mener et régler les éventuels différends. Jusqu'à ce que Riina devienne une sorte de dictateur de Cosa Nostra.

"Rien ne dit que Cosa Nostra considère à l'avenir qu'il est nécessaire de se doter d'un chef charimatique", explique Francesco Lo Voi.

Gaspare Mutolo, ancien garde du corps et chauffeur de Riina, relativise sa disparition. "Palerme a toujours la mafia", a-t-il dit vendredi à la presse étrangère à Rome.

Mutolo, qui a avoué avoir étranglé de ses mains une vingtaine de personnes, est entré au début des années 1990 dans le système de protection des témoins.

Il avait alors 51 ans et en a 77 aujourd'hui. Ses témooignages ont été parfois cruciaux dans des dizaines de procès de mafieux.

Pour lui, la mafia fait partie du système en Italie. "J'ai du mal à imaginer le monde politique sans la mafia", dit-il.

Si ce n'est pas Cosa Nostra, a-t-il expliqué, c'est la mafia de Calabre, la 'Ndrangheta. On estime qu'elle contrôle depuis une dizaine d'années le principal réseau d'importation de cocaine en Europe en provenance d'Amérique du Sud.

Cosa Nostra, dit-il, n'est plus la même que dans les années 1980 "à cause de tous les repentis" qu'il y a eu dans ses rangs.

"Les Calabrais ont pris le dessus parce qu'on leur fait plus confiance".

(Steve Scherer avec Wladimir Pantaleone à Palerme, Gilles Trequesser pour le service français)