Le candidat présidentiel de la droite élu en novembre 2016

Le scénario de la compétition à l'UMP pour la présidentielle de 2017 se précise. La primaire, exercice d'investiture inédit à droite, devrait se dérouler fin novembre 2016 et s'ouvrir à "toute l'opposition" républicaine comme l'a promis Nicolas Sarkozy, soumis à une concurrence sans précédent. /Photo d'archives/REUTERS/Pascal Rossignol

par Sophie Louet PARIS (Reuters) - Le scénario de la compétition à l'UMP pour la présidentielle de 2017 se précise : la primaire, exercice d'investiture inédit à droite, devrait se dérouler fin novembre 2016 et s'ouvrir à "toute l'opposition" républicaine comme l'a promis Nicolas Sarkozy, soumis à une concurrence sans précédent. L'ancien chef de l'Etat, dont le tempérament bonapartiste ne s'est jamais accommodé d'une procédure éprouvée avec succès par le Parti socialiste en 2011, n'a pas officialisé sa candidature, mais sa volonté de revanche sur la défaite de 2012 est criante. En l'état actuel des sondages, l'ancien Premier ministre Alain Juppé, candidat déclaré, est son plus sérieux rival pour le vote interne, auquel sont également candidats François Fillon, Xavier Bertrand et Christian Estrosi. Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente de l'UMP, a laissé entendre qu'elle pourrait concourir si ses idées n'étaient "pas représentées". Bruno Le Maire, fort d'un score de 29,18% à l'élection à la présidence de l'UMP, n'exclut rien. Le scrutin serait prévu les 20 et 27 novembre, en cas de second tour, selon RTL. "Il n'y a rien d'arrêté mais on s'oriente vers ces dates-là", dit-on à la direction du parti. Soucieux de tourner la page des pugilats de la primaire de 2012 entre Jean-François Copé et François Fillon pour la direction du parti, Nicolas Sarkozy s'attache à favoriser un consensus sur l'organisation de la primaire sans toutefois dissiper les inquiétudes d'Alain Juppé ou François Fillon. JUPPÉ ET FILLON CRAIGNENT DES "BIDOUILLES" Le maire de Bordeaux et le député de Paris ont d'ores et déjà prévenu qu'ils se présenteraient en solo au premier tour de la présidentielle si la primaire était viciée. Alain Juppé, qui estime avoir toutes ses chances avec un large corps électoral et non un corpus réduit aux seuls militants UMP, majoritairement sarkozystes, met en garde jeudi dans La Tribune contre un scrutin "bidouillé". François Fillon répète pour sa part ses craintes d'"un règlement nickel" mais d'"une organisation sabotée". "Nicolas Sarkozy a entendu ceux qui veulent une primaire qui donnera plus de force, de crédibilité, de dynamisme à celui qui sera choisi", assure un proche. Le président de l'UMP poursuit ses consultations jusqu'au bureau politique du 7 avril, qui fixera officiellement les termes du scrutin, a dit jeudi Thierry Solère. Le député UMP des Hauts-de-Seine, proche de Bruno Le Maire, lui soumettra ses préconisations pour cette procédure complexe. "Il n'y a rien d'arrêté, de figé", dit-on. Selon ses hypothèses de travail, le vote électronique sera écarté au profit d'un vote papier, sans possibilité de procurations, au coeur des accusations de fraude de 2012. Quelque 8.000 bureaux de vote seront mis à la disposition des sympathisants "de toute l'opposition", 4.000 dans les 577 circonscriptions, l'autre moitié serait affectée en fonction des scores de la droite et du centre à la dernière présidentielle. Un responsable de l'UMP fait état d'"un potentiel de deux millions de votants". En 2011, le PS avait mobilisé près de 2,7 millions de votants au premier tour, 2,9 millions au second pour finalement sélectionner François Hollande. "Il faut que tous les Français qui souhaitent voter puissent le faire. On ne demandera pas la carte du parti à l'entrée du bureau de vote", déclare un membre de la direction. UNE PRIMAIRE OUVERTE JUSQU'OÙ? Les électeurs devront signer une charte d'adhésion aux "valeurs de la droite et du centre" et acquitter deux euros par vote, ce qui devrait assurer un bénéfice non négligeable à l'UMP, qui accusait à mars une dette de 69,3 millions d'euros. Un proche de Nicolas Sarkozy précise que les conditions de candidature, qui font débat, impliqueraient le parrainage de 2.500 adhérents et de 250 élus, dont 25 parlementaires. Le président de l'UMP a proposé le 7 mars que les candidats s'engagent sur un socle commun de propositions, "10 à 15 mesures très fortes" ratifiées préalablement par les militants. Il est peu probable qu'Alain Juppé et François Fillon, qui déroulent chacun leur projet au rythme d'un "tour de France" des militants, acceptent de se laisser "ficeler", pour reprendre un terme du maire de Bordeaux, à une ébauche de programme commun. L'autre inconnue, de taille, reste le rôle des centristes. Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, dont l'entente avec Nicolas Sarkozy a permis la victoire de la droite aux départementales, refuse d'arbitrer "une élection interne à l'UMP" et demande une primaire ouverte à "tout" le centre. L'acrimonie de Nicolas Sarkozy envers François Bayrou bloque pour l'heure toute alliance avec le MoDem. Le maire de Pau n'est pas plus allant, estimant que la primaire "avantage mécaniquement les plus durs de chaque camp". "Le MoDem, en tant que structure, ne nous pose pas problème. Il y a un décalage de plus en plus important entre Bayrou et la base", relève un élu UMP, qui croit en une alliance future. (Avec Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)