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Le Burkina Faso dimanche aux urnes pour parachever la transition

par Nadoun Coulibaly et Joe Penney OUAGADOUGOU (Reuters) - A PASSER VENDREDI SOIR OU SAMEDI Un peu plus d'un an après la chute de Blaise Compaoré et deux mois et demi après une tentative déjouée de putsch, le Burkina Faso procède dimanche à des élections cruciales pour son avenir. Le double scrutin, présidentiel et législatif, devait initialement se tenir le 11 octobre mais a été repoussé à la suite de la tentative de coup d'Etat menée par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne aujourd'hui démantelée. "Il s'agit assurément des élections les plus ouvertes depuis l'indépendance du pays (en 1960)", estime Cynthia Ohayon, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest au sein de l'International Crisis Group (ICG). "On ne sait vraiment pas qui va l'emporter, même si des favoris se dégagent." Quatorze candidats briguent la présidence du pays. Les observateurs estiment que deux d'entre eux ont une réelle chance de l'emporter: Roch Marc Kaboré, du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui fut Premier ministre de Compaoré, et l'homme d'affaires Zéphirin Diabré, à la tête de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). Le MPP de Kaboré est formé d'ex-fidèles de Compaoré qui l'ont quitté plusieurs mois avant que celui qui présidait le pays depuis vingt-sept ans ne soit contraint, fin octobre 2014, à la démission et à l'exil sous la pression de manifestations de rue. Kaboré est soutenu par l'élite économique du pays et, issu de la principale ethnie du pays, les Mossi, par les chefs traditionnels. Passé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la compagnie nucléaire française Areva, Diabré met en avant ses connaissances dans les cercles internationaux. Il a aussi joué un rôle de premier plan l'an dernier dans le mouvement de contestation contre Compaoré qui entendait modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. SÉCURITÉ L'état de l'économie, à laquelle le putsch avorté de septembre a coûté près de 50 millions d'euros, la corruption et la justice sont au coeur des préoccupations de nombre d'électeurs. La campagne a également coïncidé avec une résurgence de la figure de Thomas Sankara, révolutionnaire marxiste assassiné lors du putsch de Compaoré en 1987 surnommé le "Che Guevara africain". La campagne s'est déroulée sans incident majeur et, pour les autorités, la menace que posaient les soldats d'élite de l'ex-garde présidentielle est largement retombée. Une dizaine de membres seulement de l'ex-RSP seraient en fuite et le ministre de la Sécurité du gouvernement de transition, Alain Zagré, a indiqué qu'ils ne représentaient pas un danger majeur. Quelque 25.000 membres des forces de sécurité seront néanmoins affectés à la sécurité du scrutin dans un pays où le niveau d'alerte a été réhaussé après l'attaque djihadiste contre un hôtel de Bamako, la capitale du Mali voisin. "Nous sommes entourés de dangers terroristes à nos frontières. Cette situation requiert que nous prenions des mesures exceptionnelles pour une sécurité efficace", a dit Zagré, annonçant que la frontière terrestre avec le Mali serait fermée de vendredi soir à mardi matin. (avec Makini Brice à Dakar; Henri-Pierre André pour le service français)