Israël rejette un projet de trêve, le bilan s'alourdit

par Nidal al-Mughrabi et Crispian Balmer JERUSALEM/GAZA (Reuters) - Le cabinet de sécurité israélien a rejeté vendredi soir une proposition de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a-t-on appris de source gouvernementale israélienne. Réuni autour du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le cabinet a réclamé des modifications à ce projet, dont les détails n'ont pas été rendus publics, et des discussions sont en cours avec le chef de la diplomatie américaine John Kerry, actuellement au Caire, a-t-on précisé. Israël a repoussé la proposition de trêve car elle l'aurait empêché de poursuivre ses opérations contre les tunnels transfrontaliers du Hamas, a-t-on dit de même source. "La proposition de Kerry penchait trop du côté des exigences du Hamas." Le Hamas palestinien n'a pas répondu pour l'instant à cette proposition de trêve mais il a fait savoir ces derniers jours qu'il refuserait tout cessez-le-feu durable tant que le blocus de Gaza par Israël ne serait pas levé. Sur le terrain, les bombardements se poursuivent. Depuis le 8 juillet, 844 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués, dont 55 pour la seule journée de vendredi. Les opérations terrestres ont également coûté la vie à 35 soldats israéliens, dont trois tués vendredi. Au Caire, où il multiplie les appels téléphoniques, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'efforce de trouver un arrangement acceptable par tous mais, disent ses collaborateurs, sa patience a des limites. "Il y a toujours de fortes divergences entre les parties", a déclaré un diplomate américain de haut rang qui a précisé que le secrétaire d'Etat pourrait ne pas s'éterniser dans la région. Le Hamas conditionne toute trêve durable à la levée du blocus de Gaza et demande la libération de centaines de Palestiniens arrêtés le mois dernier après l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens. FRAPPER LES TUNNELS De telles revendications paraissent difficiles à accepter pour l'Etat hébreu et l'Egypte, qui voient le Hamas comme une menace pour la sécurité. Le bombardement d'une école gérée par l'Onu, qui a coûté la vie à 15 personnes jeudi, a conduit la communauté internationale à renouveler ses appels à la cessation des hostilités. Mais les discussions par pays interposés piétinent. "Il n'y a toujours rien de nouveau concernant les initiatives destinées à rétablir le calme", a déclaré vendredi le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Selon un responsable palestinien proche des tractations, la Turquie et le Qatar ont proposé une pause de sept jours dans les affrontements. Même en cas de cessez-le-feu, l'Etat hébreu a fait savoir qu'il continuerait à chercher les tunnels du Hamas, ce qui, dit-on en Israël, pourrait durer encore une ou deux semaines. Vendredi, 55 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, dont le principal porte-parole du Djihad islamique - un groupe allié au Hamas - et son fils, selon des responsables gazaouis, ce qui porte à 844 le nombre de Palestiniens tués depuis déclenchement de l'opération "Bordure protectrice" le 8 juillet. En Israël, trois civils ont été tués par des roquettes palestiniennes depuis le début des combats. L'armée a par ailleurs définitivement conclu à la mort du sergent Oron Shaul, dont le Hamas avait revendiqué la capture six jours plus tôt sans diffuser cependant de photo de lui en captivité. Pour Tsahal, le soldat est mort au combat et repose dans un lieu inconnu. ROQUETTES TIRÉES VERS L'AÉROPORT BEN GOURION Face à la dégradation de la situation, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé à l'ouverture d'un corridor humanitaire dans l'enclave, afin de permettre l'évacuation de blessés et l'entrée de médicaments. Les combattants de la bande de Gaza ont continué à tirer des roquettes longue portée, qui ont déclenché les sirènes d'alerte dans les environs de Tel Aviv, le poumon économique d'Israël. Des témoins disent avoir vu le système de défense antiaérien "Dôme de fer" intercepter des projectiles. Un bâtiment a en revanche été touché à Ashkelon, ville portuaire située à quelques encablures de la frontière avec Gaza, sans faire de victimes. Le Hamas dit avoir tiré trois roquettes en direction de l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Les sirènes ont retenti et le hall de l'aéroport s'est brusquement vidé mais Israël n'a pas fait état d'impacts. La Federal Aviation Administration (FAA), l'agence fédérale américaine de l'aviation civile, avait ordonné mardi la suspension des vols opérés par des compagnies américaines vers Ben Gourion, avant de lever cette suspension mercredi soir. La compagnie allemande Lufthansa a annoncé de son côté qu'elle reprendrait samedi ses liaisons vers Tel Aviv. La tension monte également en Cisjordanie. Vendredi, six Palestiniens y ont été tués par balles lors d'accrochages distincts avec l'armée et, semble-t-il, un colon israélien, près de Hébron et de Naplouse, a-t-on appris auprès de témoins et de responsables médicaux. Dans la nuit, déjà, environ 10.000 Palestiniens avaient défilé en signe de soutien aux Gazaouis et lancé des pierres et des cocktails Molotov, ce qui a entraîné une riposte de l'armée israélienne. RENVOI Pour retrouver une CHRONOLOGIE du conflit en cours, double-cliquer sur) (Avec Ori Lewis à Jérusalem, Noah Browning à Gaza, Ali Sawafta à Ramallah, Arshad Mohammed, Yasmine Saleh et Shadia Nasralla au Caire; Simon Carraud et Guy Kerivel pour le service français)