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Le 1er-Mai de Marine Le Pen perturbé par les Femen, et son père

Marine Le Pen s'est projetée vendredi dans "la bataille" de 2017 en promettant des lendemains victorieux, mais ce 1er-Mai sous le signe de la conquête a été terni par une action des Femen et une tension palpable avec Jean-Marie Le Pen, qui a refusé de faire profil bas. /Photo prise le 1er mai 2015/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Marine Le Pen s'est projetée vendredi dans "la bataille" de 2017 en promettant des lendemains victorieux, mais ce 1er-Mai sous le signe de la conquête a été terni par des actions des Femen contre "la première des fascistes" et une tension palpable avec Jean-Marie Le Pen, qui a refusé de faire profil bas. Le discours de la présidente du Front national, point d'orgue du traditionnel rassemblement des militants FN en l'honneur de Jeanne d'Arc à Paris, manifestation lancée en 1988 par le fondateur et président d'honneur du parti, a été interrompu par l'irruption de trois militantes Femen au balcon d'un hôtel de la place de l'Opéra, qui ont été délogées sans ménagement par le service d'ordre du FN. Le Premier ministre, Manuel Valls, a déploré dans un tweet "le spectacle effrayant d'une extrême droite qui ne change pas". Deux autres militantes avaient auparavant perturbé le dépôt d'une gerbe par la présidente du FN au pied de la statue de Jeanne d'Arc. Marine Le Pen, qui avait à coeur d'éclipser le spectacle de la récente rupture politique et familiale d'avec son père, a dû aussi faire face aux bravades de ce dernier. Jean-Marie Le Pen, menacé de sanctions par la direction du FN pour avoir accordé un entretien à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol dans lequel il défend notamment le maréchal Pétain, n'a certes pas défilé en tête de cortège avec sa fille, comme le veut la coutume, ni déposé de gerbe à ses côtés, mais il s'est invité de manière impromptue à la tribune officielle. "JEAN-MARIE EST À L'HONNEUR" Vêtu d'une parka rouge vif, le dirigeant, privé d'estrade et de discours cette année, est monté sur le podium pour solliciter les acclamations des militants, les deux poings levés. Marine Le Pen, sourire crispé, a entamé son discours sans attendre qu'il ait descendu les marches du praticable. Jean-Marie Le Pen a ensuite pris place à bord de sa voiture et quitté ostensiblement la place de l'Opéra. "Que de surprises dans ce 1er-Mai!", a ironisé Marine Le Pen. "C'est un peu le vieux chanteur qui a du mal à partir et qui veut faire un dernier tour de scène. (...) Lundi, son cas sera examiné, il vient d'alourdir son dossier", a déclaré sur Europe 1 Florian Philippot, vice-président du FN. Le député FN Gilbert Collard, pourtant violemment hostile à Jean-Marie Le Pen, a salué a contrario sur BFM TV "le culot extraordinaire" du "toreador". "J'ai trouvé ça, dans cette société de mous, assez gonflé". "Chacun est à sa place. La présidence est à la présidence, Jean-Marie est à l'honneur", avait déclaré dans la matinée l'intéressé face aux questions pressantes des médias. La ferveur militante a repris ses droits après les incidents, au rythme des slogans "Marine présidente!" et "On est chez nous!", tandis que la dirigeante d'extrême droite accentuait ses attaques contre "le système UMPS" coupable à ses yeux d'avoir "dégoupillé la grenade" du fondamentalisme islamiste et de se soumettre à "l'eurodictature". "La seule véritable opposition au système UMPS a pris son envol et rien ne pourra l'arrêter car notre combat est noble, notre cause est juste et donc notre victoire est inéluctable", a-t-elle lancé sous les vivats de plusieurs centaines de personnes et entourée des élus locaux du Front national. "LES RANTANPLANS DE LA GÉOPOLITIQUE" Après une charge contre les choix économiques présents et passés ("Notre pays a été aspiré dans le trou noir de l'austérité sans fin"), Marine Le Pen s'en est prise à Nicolas Sarkozy et François Hollande, "Rantanplans de la géopolitique" et "apprentis sorciers" de l'"immigration massive". Evoquant le suspect de l'attentat déjoué de Villejuif (Val-de-Marne), un étudiant d'origine algérienne, elle a fustigé les "gouvernements de l'UMP et du PS qui lui ont permis de venir et, beaucoup plus grave, qui lui ont permis de rester". Marine Le Pen a estimé que les errements de la politique américaine en Irak et l'"imbécile campagne militaire en Libye", sous Nicolas Sarkozy, avaient créé l'Etat islamique (EI). "Remplacer des régimes autoritaires mais laïcs par des fanatiques sanguinaires (...): je préfère le moindre mal au pire absolu", a-t-elle déclaré. "L'heure est à l'action, a-t-elle poursuivi, et nous devons nous y préparer". "Nous progressons, dans le coeur des Français nos idées triomphent, dans les urnes, où nous montons sans cesse élection après élection", a-t-elle dit en fixant pour échéances les régionales de décembre et "après-demain la Nation". "Ne soyez ni anxieux ni abattus, soyez juste impatients. (...) Des obstacles se dresseront devant nous encore, la bataille politique sera âpre évidemment", a ajouté Marine Le Pen en concluant sur une phrase de l'écrivain français Georges Bernanos : "L'espérance est un risque à courir". (Sophie Louet)