Leïla Slimani condamne des propos de Macron sur les migrants

Leïla Slimani (photo), représentante personnelle d'Emmanuel Macron pour la Francophonie, lui reproche de ne pas avoir défendu les immigrés avec assez de "vigueur", dans une tribune publiée samedi dans Le Monde concernant un échange entre le président de la République et un ancien combattant. /Photo d'archives/REUTERS/Ludovic Marin

PARIS (Reuters) - Leïla Slimani, représentante personnelle d'Emmanuel Macron pour la Francophonie, lui reproche de ne pas avoir défendu les immigrés avec assez de "vigueur", dans une tribune publiée samedi dans Le Monde concernant un échange entre le président de la République et un ancien combattant.

L'auteure franco-marocaine, prix Goncourt 2016 pour son roman "Chanson douce", évoque une séquence diffusée par l'émission Quotidien, enregistrée mardi à Verdun lors d'une étape de la l'"itinérance mémorielle" du chef de l'Etat à l'occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

A un vétéran lui ayant demandé: "Quand mettrez-vous les sans-papiers hors de chez nous ?", le chef de l'Etat a répondu que les personnes éligibles au droit d'asile seraient accueillies. Mais il a précisé que "ceux qui viennent alors qu'ils peuvent vivre librement dans leur pays, il faut les raccompagner", en assurant qu'il allait "continuer le travail".

Pour l'écrivaine, "Emmanuel Macron aurait pu défendre avec plus de vigueur et de froideur ceux que cet homme rêve de mettre dehors. Il aurait pu lui répondre sèchement qu'on ne parle pas ainsi des gens en les résumant au vocable 'sans-papiers'."

"Il aurait pu lui dire, puisqu'il faut défendre la 'pensée complexe', que l'immigration est une question ô combien complexe parce qu'elle est humaine, douloureuse, existentielle", ajoute-t-elle.

Selon Leïla Slimani, le chef de l'Etat aurait également pu rappeler que "lesdits 'sans-papiers' (...) ne sont pas des figures abstraites sur qui on peut allègrement se défouler."

"Personne ne devrait avoir le droit de parler avec légèreté ou condescendance des exilés, des travailleurs de l'ombre, des invisibles qui n'ont peut-être pas de papiers mais qui ont des droits. Et le premier d'entre eux est celui d'être respecté, regardé dans les yeux. Et défendu", conclut-elle.

(Myriam Rivet, édité par Jean-Philippe Lefief)