Les leçons à tirer des incendies dévastateurs d'Evros sont nombreuses

En Grèce, le feu de forêt de Dadia, dans l'Evros, a été qualifié de "méga-incendie". Plus de 81 000 hectares, appartenant au réseau européen de Natura 2000, ont été ravagés depuis le 16 août. C'est la plus grande zone forestière partie en fumée depuis 20 ans dans l'Union européenne.

A l'heure actuelle, "le feu est sous contrôle et aucun foyer n'est actif", mais les pompiers restent sur place au cas où.

Cet été, en Grèce, au total, 150 000 hectares ont brûlé et au moins 26 personnes ont perdu la vie. Selon les acteurs locaux, les causes de la catastrophe sont multiples. Mais à Dadia notamment, les moyens de lutte contre les incendies étaient clairement très limités.

"La priorité a été immédiatement donnée aux habitations et aux infrastructures. Et l'incendie a très vite menacé Alexandroupoli. Vous comprenez donc que la priorité a été donnée à cette ville et que le feu de forêt a été abandonné à lui-même, brûlant toute la végétation qu'il trouvait sur son passage" , nous a expliqué Dora Skartsi, directrice de la Société pour la protection de la biodiversité de Thrace.

_"Nous avions beaucoup de brigades de pompiers, des unités à pied, mais aussi de nombreux véhicules. Et puis d'un coup, nous n'avions plus que 6 véhicules et ils ont été forcés de couvrir de longues distances, pour avoir le plus grand rayon d'action possible",_nous a précisé Illias Vintsis, président de la communauté de Dadia.

Parallèlement, les opérations de prévention des incendies avaient pris beaucoup de retard. Ces dernières années, trop de bétail a disparu, et le manque de débroussaillage, d'entretien de la végétation a clairement favorisé la propagation des feux. Pour beaucoup, c'est à l'Etat d'intervenir directement. C'est une évidence pour le président de la communauté de Dadia, Ilias Vintsis qui exprime une colère palpable :

"Les agglomérations doivent être protégées par des zones anti-incendie. On ne peut pas avoir un engin de terrassement sur le front de l'incendie et des bulldozers qui abattent des arbres pour pouvoir barrer la route au feu, et puis parce que le feu se déplace près d'une autre agglomération, rediriger tous les efforts ailleurs et laisser tomber les habitants, les volontaires, les travailleurs forestiers, les bûcherons et les pompiers. Ils les ont déplacé près d'une agglomération qui devait déjà avoir été préparée à affronter cette éventualité depuis avril ou mars."

Et notre journaliste sur place, Ioannis Karagiorgas de conclure : _"alors que les incendies de forêt se multiplient et brûlent de plus en plus d'hectares, les autorités grecques doivent mobiliser toutes les ressources dans la lutte contre les incendies. Les pompiers et les gardes-forestiers sont les mieux placés pour pouvoir enfin mettre en place une politique de lutte efficace contre les incendies de forêt, un problème qui devient de plus en plus difficile à gérer". _