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L'ayatollah Sistani appelle les dirigeants irakiens à l'abnégation

BAGDAD (Reuters) - Le grand ayatollah Ali Sistani, chef du clergé chiite irakien, a appelé vendredi les dirigeants du pays à ne pas s'accrocher à leurs postes, allusion voilée au Premier ministre également chiite Nouri al Maliki, qui reste sourd aux appels à sa démission. Sistani, qui s'exprimait à Kerbala par la voix d'un assistant, a ajouté que les dirigeants devaient faire preuve de souplesse pour permettre à l'Irak de sortir de l'impasse et de répondre au danger et au terrorisme auxquels il est confronté depuis que des insurgés sunnites sous l'impulsion des djihadistes de l'Etat islamique (ex-EIIL) se sont emparé de larges portions du nord et de l'est du pays. "Le caractère sensible de cette situation nécessite de toutes les parties concernées un esprit de responsabilité nationale qui requiert l'application de principes de sacrifice et d'abnégation, et le fait de ne pas s'accrocher à des positions ou à des postes", a souligné Sistani. Depuis l'offensive éclair des djihadistes de l'Etat islamique et d'autres groupes sunnites, le Premier ministre Nouri al Maliki est sur la sellette. Au pouvoir depuis mai 2006, ce responsable chiite est accusé par ses détracteurs d'avoir mené une politique confessionnelle et sectariste favorisant les seuls intérêts de la communauté chiite, majoritaire en Irak. Depuis les législatives d'avril, il dirige un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes dont l'intérim se poursuit, les députés du nouveau Parlement étant dans l'incapacité de s'entendre sur un nouveau gouvernement. Jeudi, le processus parlementaire a franchi toutefois un premier cap avec l'élection du député kurde Fouad Massoum à la présidence de l'Irak. L'étape suivante, la nomination du Premier ministre, s'annonce autrement plus compliquée, Maliki, chef du file du principal parti, refusant de s'effacer au profit d'une personnalité moins clivante. L'appel du grand ayatollah Sistani pourrait cependant accélérer son départ. Selon la Constitution qui régit l'organisation gouvernementale en Irak depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, le Premier ministre doit être membre de la communauté majoritaire chiite, le président du parlement doit être choisi parmi les sunnites et le chef de l'Etat être un Kurde. Le nouveau chef de l'Etat a quinze jours pour nommer un Premier ministre. (Michael Georgy; Agathe Machecourt et Henri-Pierre André pour le service français)