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"L'avion a fait n'importe quoi": un vol New York-Paris a frôlé le crash mardi à Roissy, une enquête ouverte

Un Boeing 777 d'Air France. (photo d'illustration) - Flickr
Un Boeing 777 d'Air France. (photo d'illustration) - Flickr

Alors qu'il finalisait son approche sur l'aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle, le vol AF011 de la compagnie Air France a subi un "incident grave" mardi matin, comme l'a indiqué le Bureau d'enquête et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile (BEA). En provenance de New York, le Boeing 777 n'a plus réagi aux commandes lors de l'atterrissage. Il se trouvait à seulement 1200 pieds d'altitude (environ 370 mètres). Le crash a finalement été évité, et l'avion a fini par atterrir après que les pilotes ont réussi à remettre les gaz.

Déviation vers la gauche

L'avion avait décollé à 20h51 de l'aéroport John-Fitzgerald-Kennedy, lundi 4 avril. Il s'agit d'un des cinq vols quotidiens qui fait la liaison entre l'aéroport new-yorkais et celui de Roissy. Alors qu'il se trouvait en approche finale sur la capitale mardi matin, les commandes de l'appareil se sont mises à ne plus répondre, et l'avion a dévié de sa trajectoire initiale, allant vers la gauche.

Les échanges entre les pilotes et la tour de contrôle de l'aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle ont été rendus publics dans une vidéo diffusée sur YouTube. Dans le document, on entend d'abord la tour de contrôle leur donner l'autorisation d'atterrir sur la piste 26L. L'instant d'après, on entend l'un des pilotes pousser un râle, alors que résonnent des signaux d'alarme dans le cockpit. Il s'écrie: "Stop! Stop!". La tour de contrôle tente de recontacter l'avion. Le pilote, visiblement inquiet, déclare: "Je vous rappelle! Je vous rappelle!".

Quelques instants plus tard, les pilotes finissent par indiquer avoir réussi à remettre les gaz. "AF011. On a remis les gaz. Problème de commande de vol. L'avion a fait à peu près n'importe quoi".

La catastrophe évitée

In extremis, l'appareil a finalement réussi à effectuer un "go around", une remise des gaz en urgence. Quant au contrôleur aérien, comprenant que l'avion en provenance de New York déviait vers la gauche, il a eu le temps d'ordonner à un autre avion alors en plein décollage, le AFHW, de stagner à 1500 pieds pour ne pas entrer en collision avec le vol AF011. Comme le montre la trajectoire du vol sur le site FlightAware, après l'incident, l'avion a réalisé un virage à 180 degrés, pour se poser de l'autre côté de l'aéroport, sur la piste 27R. Il finira par atterrir sans encombre à 10h31, "à l'heure", précise le site.

Le Parisien a pu recueillir le témoignage de Michèle, 75 ans, qui se trouvait à bord de l'avion.

"Il y avait énormément de brouillard, on a vu la piste au dernier moment. On était quasiment sur la piste quand l'avion est remonté extrêmement vite", détaille-t-elle. Tout en précisant que les passagers ne se sont pas affolés.

Un incident "grave", une enquête ouverte

Le BEA a annoncé ce matin l'ouverture d'une "enquête de sécurité", après l'"incident grave" du Boeing. Le bureau évoque une "instabilité des commandes de vol en finale", mais aussi une "remise de gaz, dureté des commandes et oscillations de trajectoire". Les données sont "en cours d'analyse". L'avion en question a été immobilisé jusqu'à nouvel ordre à la demande du BEA.

La classification de l'incident comme "grave" tient au fait qu'il est intervenu "en phase d'approche, là où il y a le plus de risque", avec la phase de décollage, a indiqué à l'AFP une source proche du BEA.

Dans un communiqué d'Air France que BFMTV a pu consulter, la compagnie nationale indique que l'avion "a interrompu sa séquence d’atterrissage et effectué une remise de gaz en raison d’un incident technique lors de l’approche. L’équipage a maîtrisé la situation et atterri normalement après une seconde approche". En précisant que la remise de gaz est une "procédure normale. Les équipages sont formés et régulièrement sensibilisés à ces procédures".

D'après les informations disponibles sur le site AirFleets, l'avion à l'origine de l'incident mardi matin a été livré il y a 17 ans. Le Point ajoute que les plus anciens Boeing 777 de la flotte d'Air France sont progressivement remplacés par des Airbus A350.

Article original publié sur BFMTV.com