L'aviation jordanienne détruit des véhicules venus de Syrie

AMMAN (Reuters) - L'armée de l'air jordanienne a bombardé et détruit mercredi des véhicules militaires qui avaient franchi la frontière en provenance de Syrie, ont annoncé les autorités jordaniennes. "Un certain nombre de véhicules ont tenté de franchir la frontière à partir de la Syrie", a déclaré Mohamed al Momani, ministre et porte-parole du gouvernement, confirmant une information donnée par la télévision publique. Dans un communiqué, l'armée jordanienne précise que l'incident s'est produit vers 10h30 (08h30 GMT). Les véhicules n'ont pas tenu compte des sommations d'usage. "Cela a contraint l'armée à appliquer les règles d'engagement et à détruire ces véhicules", poursuit le communiqué. Selon une source proche des services de sécurité, les cibles étaient apparemment des rebelles syriens se déplaçant à bord de véhicules équipés de mitrailleuses et qui tentaient de fuir les combats contre les forces de Bachar al Assad. L'agence de presse officielle syrienne Sana a déclaré de son côté, citant une source militaire, que les véhicules visés n'appartenaient pas à l'armée syrienne. Les autorités jordaniennes sont de plus en plus préoccupées par des infiltrations en provenance de la Syrie, où les combats font rage dans des portions de territoire jouxtant la frontière jordanienne près de la ville de Deraa, dans le Sud syrien, entre les insurgés et les forces de Bachar al Assad. "Ces cas d'infiltration nous préoccupent, de même que les informations faisant état de la présence de groupes armés près de la frontière et de l'absence de sécurité qui y règne (ndlr, côté syrien)", a dit Mohamed al Momani. A l'inverse de la Turquie et du Liban, la Jordanie interdit tout passage d'armes ou de combattants le long de ses 370 km de frontière commune avec la Syrie et d'après des diplomates occidentaux, Amman aurait reçu ces deux dernières années plusieurs centaines de millions de dollars de son allié américain pour renforcer la sécurité à la frontière. Sur le plan diplomatique, la Jordanie se garde d'appeler à la chute du régime d'Assad, avec lequel elle conserve des relations diplomatiques et économiques. Elle prône en revanche une solution politique au conflit et s'oppose à toute intervention militaire étrangère. La Jordanie redoute la présence sur son sol de cellules dormantes recrutées par Damas et susceptibles d'être activées si elle donnait le sentiment d'être prête à accepter une éventuelle opération militaire occidentale à partir de son territoire. (Suleiman al Khalidi, Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)