L'Autriche veut collaborer avec l'Allemagne pour expulser conjointement des criminels vers l'Afghanistan
Le gouvernement autrichien souhaite s’associer avec Berlin pour organiser des expulsions conjointes de ressortissants afghans vers l'Afghanistan.
Cette annonce intervient après que l’Allemagne a expulsé vendredi 28 "criminels reconnus coupables" de crimes ou de délits vers l’Afghanistan, la première expulsion de ce type vers le pays depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021.
Le chancelier autrichien conservateur Karl Nehammer a déclaré que son pays soutenait désormais la voie allemande et qu'il était heureux d'avoir des alliés sur cette question.
L’Autriche a déjà expulsé des ressortissants afghans par le passé (comme l'Allemagne), mais toujours vers des pays tiers jugés plus sûrs.
a qualifié la décision allemande de "très bonne".
En mars, le ministre de l’Intérieur autrichien Gerhard Karner avait déjà appelé à des négociations pour réévaluer l'interdiction à l'échelle européenne des expulsions vers l'Afghanistan et la Syrie, les qualifiant de "nécessaires et urgentes".
"Actuellement, nous ne sommes pas en mesure de rapatrier qui que ce soit vers des pays comme la Syrie ou l'Afghanistan, car cela serait contraire à la législation européenne", avait également déclaré M. Karner à Bruxelles à cette occasion.
"En Autriche, ces deux pays représentent environ trois quarts de toutes les demandes d'asile".
L’Office fédéral autrichien de l’immigration a déjà précisé que les expulsions vers l’Afghanistan étaient déjà autorisées au cas par cas en raison de l’évolution de la situation sécuritaire dans le pays.
Bien que l’idée d’expulsions conjointes avec l’Allemagne ait trouvé la faveur de nombreux représentants de l’éventail politique autrichien, certains ont averti que les cas devaient être soigneusement examinés en raisons notamment des risques encourus par les personnes expulsées.
Dans un arrêt rendu en juillet, la Cour constitutionnelle a confirmé cette évaluation des autorités chargées de l'immigration.
Le ministère et l'Office fédéral des affaires étrangères travaille actuellement de manière intensive à la mise en œuvre des expulsions vers l'Afghanistan, et des discussions sont en cours avec plusieurs pays européens.
"Le fait que les expulsions vers l'Afghanistan soient à nouveau possibles est une demande que je formule depuis longtemps, en tant qu'Autrichien, et je suis donc très heureux que cela se produise. Il est essentiel que nous expulsions à nouveau des personnes vers l'Afghanistan et la Syrie. Et c'est pourquoi cela se fera également au départ de l'Autriche à l'avenir", a déclaré le ministre autrichien vendredi.
"Le fait qu'un régime terroriste soit au pouvoir là-bas, à savoir les talibans, est la raison pour laquelle l'expulsion a été suspendue. C'est pourquoi il est si important de travailler en étroite collaboration avec les partenaires de la région afin que nous puissions également ramener les gens à Kaboul ou en Afghanistan directement."
"Nous sommes forts en tant que société et nous ne nous laisserons pas diviser par l'islamisme et le terrorisme. Nous avons des lois fortes, nous avons des lois sévères et elles doivent être appliquées dans ce cas. Toutes les options constitutionnelles doivent être épuisées, même lorsqu'il s'agit d'expulsions", a déclaré Alma Zadic, ministre écologiste de la justice.
L'Agence fédérale autrichienne pour l'immigration et l'asile a déclaré que plus de 21 000 Syriens avaient demandé l'asile en Autriche en 2023, et que près de 9 000 demandes avaient été déposées par des ressortissants afghans.