L'Australie va forcer Facebook, Google à payer les contenus des médias

L'AUSTRALIE VA FORCER FACEBOOK, GOOGLE À PAYER LES CONTENUS DES MÉDIAS

SYDNEY (Reuters) - L'Australie a annoncé vendredi qu'elle allait forcer les géants américains du numérique Facebook et Google à rémunérer les groupes de presse du pays pour leurs contenus, une démarche inédite pour protéger le journalisme indépendant qui devrait être scrutée à travers le monde.

Le secrétaire au Trésor, Josh Frydenberg, a déclaré que l'Australie deviendrait le premier pays à obliger Facebook et Google à payer pour les contenus fournis par des groupes de presse, dans le cadre d'un système inspiré de la redevance qui doit être promulgué en loi cette année.

"Il s'agit de s'assurer que nous ayons une concurrence accrue, une protection des consommateurs accrue, et un paysage médiatique durable", a-t-il dit à des journalistes à Melbourne.

"Rien de moins que l'avenir du paysage médiatique de l'Australie est en jeu", a-t-il ajouté.

Cette démarche intervient alors que les géants américains du numérique (les "Gafa") font face à des pressions à travers le monde pour être soumis à des régulations plus strictes, et alors que leurs patrons ont été interrogés par une commission du Congrès américain sur des pratiques présumées anticoncurrentielles.

L'an dernier, à l'issue d'une enquête sur la santé du marché de la presse et la puissance des plateformes américaines, le gouvernement australien avait demandé à Facebook et Google de négocier un accord volontaire avec les groupes de presse pour utiliser leurs contenus.

Mais les discussions n'ont pas abouti et Canberra a adopté un ton plus dur, fixant un délai de 45 jours pour la conclusion d'un accord. En cas d'échec, le régulateur australien fixera les termes du "code de conduite".

Google a déclaré que la mesure faisait fi des "millions de clics" que la firme dirige chaque année vers les éditeurs de presse australiens.

"Cela renvoie aux entreprises et investisseurs le message inquiétant que le gouvernement australien va interférer au lieu de laisser le marché fonctionner", a dit dans un communiqué une dirigeante de Google pour la région. "Cela ne résout en rien les défis fondamentaux liés à la création d'un modèle économique adapté à l'ère numérique", a ajouté Melanie Silva.

Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès de Facebook.

(Colin Packham; version française Jean Terzian)