Laurent Wauquiez présente son « pacte législatif » et pose ses conditions à Emmanuel Macron
POLITIQUE - Surtout, ne parlez pas à Laurent Wauquiez de coalition avec le gouvernement. Le nouveau président du groupe Droite Républicaine (ex-LR) à l’Assemblée nationale, n’a de cesse de revendiquer « l’indépendance » de son groupe vis-à-vis du camp présidentiel. En revanche, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, il tend la main à Emmanuel Macron, mais à ses conditions.
Le député de Haute-Loire a présenté ce lundi 22 juillet 13 textes issus d’une réflexion collective entre les députés et les sénateurs de droite. Le tout s’appelle « pacte législatif d’urgence » afin de « revaloriser le travail » et de « restaurer l’autorité ». À l’intérieur, des intemporels de la droite présents dans le programme LR aux dernières législatives ou chers à Laurent Wauquiez comme la lutte contre « l’assistanat », l’arrêt de « la dégradation des comptes publics » et de « l’immigration incontrôlée », déclinés une dizaine de textes de loi. Aussi, en creux, une stratégie politique pour celui qui vise l’Élysée en 2027.
Treize textes…
Ce « pacte législatif d’urgence » pour « empêcher le blocage du pays » comprend très précisément 13 textes. Deux portent sur le volet sécurité/justice, avec la (re)mise en place des peines planchers, la simplification de la procédure pénale, la présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre ou encore la suppression des allocations familiales en cas de condamnation des mineurs. Un troisième texte concerne plus précisément la lutte contre le narcotrafic.
L’immigration arrive juste après avec des mesures défendues par Les Républicains au moment de l’examen du projet de loi du gouvernement et censurées pour certaines par le Conseil constitutionnel. S’y ajoutent le conditionnement de « l’accès aux aides sociales à une durée de présence minimale » ou le remplacement de l’AME par une aide médicale d’urgence.
Le tandem Wauquiez/Retailleau propose aussi une loi « pouvoir d’achat et encouragement au travail », avec la défiscalisation des heures supplémentaires, la facilitation des donations parents/enfant, l’instauration d’une « une aide sociale unique plafonnée à 70 % du SMIC » et une réforme de l’assurance chômage - non détaillée à ce stade. Les chefs d’entreprise ne sont pas oubliés, puisque la droite propose une « loi compétitivité » incluant par exemple la baisse des impôts de production.
Également au programme des lois Santé pour « lutter contre les déserts médicaux », une loi logement, une sur l’école, la souveraineté alimentaire, la transition énergétique (avec la suppression de la taxe carbone par exemple), transports et enfin un texte « de liberté pour les communes et les collectivités locales. »
...Et un appel de phare à Macron
Les parlementaires LR sont « prêts à s’engager » pour voter ces mesures a assuré Laurent Wauquiez… si le prochain gouvernement s’en empare. « Ce n’est pas une coalition gouvernementale : nous sommes indépendants et nous le resterons », a martelé le chef de groupe lors d’une conférence de presse, estimant qu’une coalition « c’est se lier les mains, c’est signer un chèque en blanc ».
Mais si le président de la République nomme un Premier ministre et gouvernement LR-compatible (à ne pas confondre avec la droite Macron-compatible), les élus de droite contribueront à « empêcher le blocage du pays. » « L’idée c’est de montrer que ça ne sert pas à rien de voter pour un député LR, qu’on est là pour avancer des propositions et répondre aux besoins urgents des Français », décryptait pour Le HuffPost le député de la Loire Antoine Vermorel-Marques quelques jours avant la présentation du pacte de droite.
Il s’agit aussi et surtout pour Laurent Wauquiez de peser dans la politique française malgré son groupe réduit à l’Assemblée nationale, sans pour autant dissoudre la droite dans le macronisme d’ici 2027.
La main tendue sera-t-elle saisie ? Le chef de file des députés EPR (Ensemble pour la République, ex-Renaissance) Gabriel Attal a écrit dimanche à ses troupes pour leur demander de contribuer à un « pacte de coalition » avec « la gauche et/ou la droite républicaines ». Quant à Emmanuel Macron, il a repris l’expression du président de région mardi 16 juillet, estimant qu’il était de la « responsabilité » de son camp de « mettre une proposition sur la table en vue d’une coalition majoritaire ou d’un large pacte législatif ». De bon augure pour Wauquiez ?
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