Laurent Dejoie, président de l’ANF : « Un milliard de personnes sont dépourvues d’identité dans le monde »
Qu’est-ce qu’un enfant fantôme ?
C’est un enfant qui n’est pas déclaré à l’état civil de son pays au moment de sa naissance, et qui n’a donc pas d’existence juridique. Difficile d’établir des chiffres précis, mais près de 1 milliard de personnes seraient dépourvues d’identité dans le monde. La plupart de ces enfants se trouvent en Afrique de l’Ouest et de l’Est. Les Indiens tentent de remédier au problème par un gigantesque recensement avec un numéro d’identité. En Chine, les enfants fantômes sont ceux qui n’avaient pas le droit de naître en vertu de la politique de l’enfant unique, alors qu’aux confins de l’Europe ce sont principalement les populations roms qui sont touchées par le phénomène, pour des raisons traditionnelles de pauvreté.
Justement, venons-en aux causes.
Il y a d’abord les causes collectives : quand les États sont sous-équipés, pauvres ou en guerre civile, les enfants fantômes sont loin d’être une priorité. Et puis il y a les causes individuelles : dans certains pays, l’accès des citoyens aux administrations est compliqué et coûteux. D’autres obstacles relèvent du domaine culturel, religieux ou sociétal, comme dans ces villages africains reculés où la mention du chef du village suffit pour légitimer la naissance d’un enfant.
Quel est le rôle au sens large de l’état civil ?
L’état civil a une double portée : collective, par le côté universel de l’identité d’un être humain dont l’existence juridique est d’intérêt général et individuel, parce que reconnu ...