"Laurel" ou "Yanny" : le son qui rend (encore) fou le web

Laurel ou Yanny ? Qu'entendez-vous ?

Deux ans après son apparition sur les réseaux sociaux, un étrange paradoxe sonore connaît un regain d’intérêt ces jours-ci sur Twitter. Mais pourquoi donc, sur cet enregistrement audio, certains entendent le mot “laurel” et l’autre le mot “yanny” ?

En cette période de confinement, il faut bien trouver des moyens de passer le temps. Certains internautes se sont ainsi passionnés ces derniers jours pour un paradoxe sonore qui avait déjà connu un certain succès lors de son apparition sur les réseaux sociaux, au printemps 2018.

Comme le confirment les nombreuses réponses sur Twitter, mais aussi l’écoute de l’enregistrement par une partie de l’équipe éditoriale de Yahoo, il y a bel et bien deux camps, ceux qui entendent “laurel” et ceux qui entendent “yanny”.

Des explications rationnelles à l’illusion auditive

Si la distinction de ces deux camps en fonction du sexe, évoquée par le tweet ci-dessus, est sans doute surévaluée, l’illusion auditive fonctionne à plein et il paraît assez improbable, lorsque l’on entend l’un des deux mots, d’imaginer qu’il est possible d’entendre l’autre.

C’est pourtant le cas et les explications rationnelles à ce paradoxe sont multiples. Dans un article publié en mai 2018, à l’époque du premier “buzz” autour de ce fameux enregistrement, Sciences et Avenir s’était ainsi livré à une analyse poussée sur cette question aussi futile qu’épineuse.

Aux origines de la discorde

Le média scientifique s’était ainsi notamment intéressé au point de départ de cette discorde numérique. A l’origine, donc, tout est parti de l’enregistrement audio correspondant au mot “laurel” (version anglaise du mot “laurier”) sur le site Vocabulary.com.

Alors qu’elle consultait cette définition en cours de littérature, une lycéenne américaine a été surprise de constater qu’elle entendait d’autres syllabes, le fameux “yanny”, et a interpellé ses camarades à ce sujet. Le débat allait cependant prendre une toute autre ampleur une fois transporté sur les réseaux sociaux.

Un grain trompeur

Cependant, et là réside la première explication du paradoxe, le son massivement partagé sur le net n’est pas l’original du dictionnaire en ligne, mais un enregistrement réalisé au dictaphone sur les haut-parleurs de l’ordinateur du lycée en question. Des conditions précaires qui ont eu pour effet de “surcharger le signal en bruit parasite dans les hautes fréquences”, selon Sciences et Avenir.

“C'est ce ‘grain’ audio qui expliquerait pourquoi le cerveau croit entendre ‘yanny’, et ce en l'absence de consonnes nasales”, poursuit le média scientifique. “La consonne du milieu n'est pas un ‘n’, mais on peut en entendre un car la voyelle qui la précède est particulièrement nasale”, complète la phonéticienne Chelsea Sanker, interrogée par The Atlantic.

Un son perçu différemment en fonction de l’âge ?

La mauvaise qualité de l’enregistrement est donc un facteur important de l’illusion qu’il crée, mais celle-ci repose aussi sur les perceptions des fréquences sonores propres à chaque individu. Comme le démontre brillamment l’ingénieur Steve Pomeroy, en faisant varier la hauteur du son de cet enregistrement, c’est-à-dire la fréquence de son mode de vibration fondamental, les résultats obtenus sont très différents.

“L'intensité du signal est plus forte dans les basses fréquences pour ‘laurel’, et plus élevée dans les hautes fréquences pour ‘yanny’“, traduit Sciences et Avenir. Or, comme le précise également le média spécialisé, “l'audition diminue naturellement dans les aigus avec l'âge”. Autrement dit, plus on vieillit, plus on est sensible aux basses fréquences, et donc susceptible d’entendre “laurel” ! Un élément qui constitue l’une des clés de ce paradoxe sonore, même s’il existe bien sûr des exceptions...