Laura Poitras: «Le débat sécurité contre liberté est un faux débat»

Laura Poitras (au centre) lors d'un débat en duplex avec Edward Snowden, à la New York School, en février.

La documentariste, auteure de «Citizenfour» évoque sa rencontre avec Edward Snowden et le débat qui agite les Etats-Unis et l'Europe sur la surveillance.

La folie des oscars à peine terminée, elle a pris l’avion pour la France, où son film Citizenfour sortait en salles ce mercredi. Dans le salon calme et coquet d’un hôtel parisien, loin du tumulte, la documentariste Laura Poitras (photo AFP) évoque pour Libération sa rencontre avec Edward Snowden, l’ancien employé de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA), qui a révélé en juin 2013 l’ampleur des programmes de surveillance déployés par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mais aussi le débat plus vif que jamais entre sécurité et liberté, le travail loin d’être achevé sur les documents transmis par le lanceur d’alerte, ou la surveillance dont elle fait l’objet depuis My Country, My Country, son film consacré à l’Irak sous occupation américaine.

A quel moment avez-vous vraiment réalisé l’ampleur de cette histoire ?

Il y a eu deux moments différents. D’abord avec l’arrivée des premiers e-mails, en janvier et février 2013, et notamment un de ceux que je montre dans le film, dans lequel il décrit tout ce sur quoi il a réuni des preuves. A ce moment-là, je me suis dit : c’est sérieux. J’ai éteint tous mes ordinateurs, j’en ai acheté un nouveau, en espèces, j’ai ouvert des comptes e-mail anonymes, que je ne relevais pas depuis chez moi – j’allais dans des cybercafés au hasard, à Berlin… Mais ce n’était encore que mon instinct qui me disait que j’avais affaire à une source légitime. Je restais un peu précautionneuse, je gardais en tête qu’il pouvait s’agir d’un piège.

Juste avant de partir à Hongkong, j’ai reçu la clé de déchiffrement pour pouvoir accéder à certains documents. C’est là que j’ai vu le «budget noir» du renseignement américain. Dès lors, je n’avais plus seulement le sentiment de parler à quelqu’un qui allait transmettre des documents très importants : j’en avais la certitude.

Au début du film, (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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