Laura Lamiel, papiers au plancher

La plasticienne investit le Crac de Sète avec ses installations minimales qui convoquent les fantômes et jouent sur la notion du double.

Les installations de Laura Lamiel cochent toutes les cases pour rentrer dans la catégorie immersive et cool. Au Centre régional d’art contemporain (Crac) de Sète (Hérault), elles se déploient dans l’espace en se glissant sous vos pieds dans les profondeurs d’un faux plancher, en démultipliant leur propre limite par des effets de miroirs et d’éclairages aux néons, jaunes ou blafards, en prenant la forme et les contours d’habitacles qu’on peut pénétrer ou traverser. Pourtant, chez cette artiste née en 1948, l’immersion reste délibérément superficielle. Les œuvres travaillent à la fois à déballer leurs éléments et à les remballer, laissant le spectateur sur leur seuil, un pied dedans, un pied dehors, à deux doigts de tout voir et tout aussi près de rater un truc.

Prison. Ainsi, dans la première salle, il faut baisser les yeux, voire s’accroupir pour découvrir, niché au creux du plancher, un assemblage d’objets (des livres, des tubes de cuivre, des rouleaux de papier, des coupures de presse, des chaussures, des gants) composant une espèce de nature morte à la palette orangée. A côté, autre trou, autre teinte (noire), mais même soin dans la disposition de ces choses, enfouies et exposées, planquées et exhumées, simples et mystérieuses. Ce matériel hétéroclite convoque, en creux, une présence humaine. On se dit que tout ça appartient à quelqu’un. On pense à l’artiste ou à ce W, nommé dans le titre («Les Yeux de W») et dont l’initiale est, depuis Poe au moins et sa nouvelle William Wilson, celle du double. Mais peu importe à qui on a affaire exactement, de qui sont ces affaires, on saisit qu’il y a du corps et du souffle dans les installations au dépouillement et aux matériaux proches du minimalisme.

Dans la salle suivante, une double cellule conçue comme un parloir de prison brise la glace : la vitre (sans tain) qui sépare les deux petits (...)

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