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L'attente et l'angoisse des Syriens du côté turc de la frontière

par Humeyra Pamuk ONCUPINAR, Turquie (Reuters) - Des dizaines de Syriens réfugiés en Turquie ont rejoint le poste frontalier d'Oncupinar pour tenter d'aider leurs proches bloqués de l'autre côté de la frontière. Ils demandent aux autorités turques de leur ouvrir les portes, fermées depuis onze mois, pour faire entrer leurs compatriotes ou aller les chercher en territoire syrien. Plusieurs dizaines de milliers d'habitants de la région d'Alep - 60.000 environ selon le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu - fuyant les bombardements de l'aviation russe et une vaste offensive des forces gouvernementales syriennes ont fui vers le nord et la frontière turque ces derniers jours. Assis dans sa voiture avec ses quatre enfants, Ahmet Sadul, 43 ans, espère pouvoir revenir en territoire syrien pour retrouver les membres de sa famille. Natif d'Azaz, il vit actuellement dans la ville turque de Kilis, à quelques km d'Oncupinar. "Il y a aujourd'hui des milliers de gens d'Azaz qui attendent de l'autre côté de la frontière. Ils fuient les Russes. Je veux y aller et retrouver mes proches. Ils bombardent les Syriens en permanence", dit-il. "Beaucoup de gens ont quitté Alep. Mais il reste encore beaucoup de civils là-bas. Si la Russie réussit, nous serons tous morts." Abdulkerim Hannura, un employé des douanes syriennes âgé de 32 ans, déclare que les Russes bombardent les villages de sa région depuis quinze jours. "Les gens viennent à la frontière et veulent repartir en Syrie avec l'espoir de ramener leurs proches en Turquie. Nous essayons de sauver nos proches, nos familles", explique-t-il. La Turquie, qui a accueilli plus de 2,5 millions de réfugiés syriens depuis le début du conflit en 2011, applique officiellement une politique de la porte ouverte mais certains postes frontaliers sont régulièrement fermés pour des raisons de sécurité ou autres. Le poste d'Oncupinar est ainsi fermé depuis mars dernier pour raisons de sécurité, même si les autorités l'ouvrent de temps à autre aux réfugiés. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)