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L'attentat de Strasbourg relance une polémique rituelle

Le porte-parole du gouvernement français a accusé à demi-mot Laurent Wauquiez et Marine Le Pen, mercredi, de se conduire en "petits responsables politiques" après l'attentat de Strasbourg, qui a déclenché une nouvelle controverse sur les fiches "S". /Photo d'archives/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement français a accusé à demi-mot Laurent Wauquiez et Marine Le Pen, mercredi, de se conduire en "petits responsables politiques" après l'attentat de Strasbourg, qui a déclenché une nouvelle controverse sur les fiches "S".

"Dans la période, les caractères se révèlent : vous avez des petits responsables politiques et des hommes d'Etat", a brocardé Benjamin Griveaux, allusif, lors d'une conférence de presse.

Les présidents des Républicains (LR) et du Rassemblement national (ex-Front national) ont ouvert les hostilités mardi en réclamant, tous deux sur Twitter, un changement radical dans la lutte antiterroriste pour éviter des attentats comme celui qui a fait au moins deux morts en Alsace, le soir même.

"Qu'attendons-nous pour enfin livrer bataille pour éradiquer l'intégrisme qui nous a déclaré la guerre ?", a écrit Laurent Wauquiez, après avoir adressé ses "pensées" aux victimes et offert son soutien aux forces de l'ordre.

"Un changement radical doit intervenir, puisque la politique contre le terrorisme est manifestement défaillante", a pour sa part cinglé Marine Le Pen quelques minutes plus tard.

Comme après chaque acte du même genre ou presque, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a préconisé l'internement préventif de certaines personnes faisant l'objet d'une fiche S des services de renseignement - c'est le cas du tueur de Strasbourg, dont l'attaque n'a pas été revendiquée.

Marine Le Pen a elle aussi puisé dans son programme, mercredi, en demandant notamment l'expulsion des fichés S de nationalité étrangère.

"TOTALE SOLIDARITÉ" DE LFI

A l'Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon s'est distingué en assurant le gouvernement de sa "totale solidarité" en la circonstance, au nom de La France insoumise, et se refusant à toute "récupération politicienne".

Benjamin Griveaux a ironisé à l'issue du conseil des ministres sur la promptitude des réactions de la droite et de l'extrême droite.

"Alors qu'hier des personnes étaient décédées, des personnes étaient blessées, que des opérations de police étaient encore en cours, nous avons assisté à un concours de tweets remporté au finish par Laurent Wauquiez contre Marine Le Pen", a-t-il dit.

Lors de ce conseil, Emmanuel Macron a invoqué "le sens de l'intérêt général (qui) devrait amener chaque responsable politique au calme et à la retenue" devant l'attentat de mardi mais aussi la fronde des "Gilets jaunes", selon des propos rapportés par le porte-parole du gouvernement.

La sortie de Laurent Wauquiez n'a pas fait l'unanimité dans son propre camp, l'eurodéputé LR Françoise Françoise Grossetête jugeant sur franceinfo le moment peu opportun, mardi soir, pour allumer une polémique.

Mais pour Marine Le Pen, il n'est pas trop tôt pour rouvrir le chantier de la lutte antiterroriste.

"Je crois même (...) que c'est déjà beaucoup trop tard", a-t-elle argué sur BFM TV. "Il n'y a plus une minute à attendre pour que l'Assemblée nationale se saisisse des propositions que nous faisons depuis longtemps."

L'exécutif juge la législation actuelle suffisante, en particulier depuis l'adoption il y a un an d'un nouveau texte sous l'égide de Gérard Collomb, alors ministre de l'Intérieur.

(Simon Carraud avec Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)