Latécoère s'apprête à une consolidation accélérée

par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - L'équipementier aéronautique Latécoère est à l'affût d'acquisitions afin d'atteindre une taille suffisante pour financer de gros contrats dans les programmes des avionneurs, a déclaré lundi sa directrice générale Yannick Assouad.

Latécoère, qui fournit des fuselages et des portes à Airbus et Boeing, estime que les planètes sont désormais bien alignées pour une accélération de la consolidation après le rachat du néerlandais Fokker par le britannique GKN en 2015 et celui de l'américain LMI bouclé en juin par le belge Sonaca.

"Nous avons un certain nombre de cibles que nous travaillons mais les acquisitions, c'est un peu comme la pêche : il faut mettre beaucoup de lignes à l'eau pour essayer d'attraper un poisson", a dit Yannick Assouad lors de la présentation des résultats semestriels de Latécoère.

En préparation de leurs futurs programmes, Airbus et Boeing ont tiré les leçons des déboires rencontrés par leurs long-courriers respectifs, l'A350 et le 787, marqués par les difficultés financières graves de certains fournisseurs qu'ils ont dû parfois sauver à la hâte en entrant à leur capital, a-t-elle estimé.

"Airbus et Boeing ont beaucoup appris à travers ces événements", a expliqué Yannick Assouad, citant les partenariats de partage des risques mis en place par les avionneurs avec leurs équipementiers. "Ils ne referont pas deux fois les mêmes erreurs."

Latécoère, qui avait dû renégocier sa dette au début de la décennie, devra donc démontrer sa capacité à générer suffisamment de cash-flow pour financer les développements de programmes pour lesquels il aura été sélectionné.

"Et ça, ça nécessite d'avoir une certaine taille et (...) un très grand nombre d'acteurs sont trop petits pour y accéder", a-t-elle noté. "C'est un point d'environnement qui a changé entre maintenant et avant le 787 et l'A350."

COURSE À LA TAILLE

Mais la course à la taille peut avoir aussi ses limites, a-t-elle également observé, faisant référence à la réaction très critique de Boeing à l'annonce du projet de fusion entre United Technologies et Rockwell Collins début septembre.

"Il y a peut-être un point de taille où il ne faut pas aller et où il peut y avoir de la synergie commerciale négative. On verra si United Technologies et Rockwell Collins ont atteint ce point ou pas", a dit Yannick Assouad, issue de Zodiac Aerospace, un groupe lui-même en train d'être racheté par Safran.

Elle a émis des doutes sur l'argument mis en avant dans de tels rapprochements, selon lequel le nouvel ensemble, plus compétitif, serait aussi plus fort pour résister aux pressions des avionneurs sur les prix.

"Pour résister aux baisses de prix des avionneurs, je pense qu'il n'y a que la compétition", a-t-elle argué, estimant que la situation ne changera pas tellement dans les nombreux segments d'activité de l'aéronautique où il y a déjà des duopoles.

Latécoère, qui a amélioré sa marge opérationnelle au premier semestre et confirmé ses objectifs annuels, s'adjuge 5% en Bourse vers 16h30.

(Edité par Dominique Rodriguez)