L'arrêt du QE se profile, l'euro grimpe, les actions prudentes

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé mercredi en ordre dispersé une séance hésitante tandis que la perspective de voir la Banque centrale européenne (BCE)arrêter ses rachats d'actifs avant la fin de l'année faisait s'envoler l'euro et les rendements obligataires.

À Paris, le CAC 40 a cédé 0,06% à 5.457,56 points. Le Footsie britanniquea pris 0,33% et le Dax allemand a gagné 0,34%.

L'indice EuroStoxx 50 a avancé de 0,12%, le FTSEurofirst 300 a reculé de 0,07% et le Stoxx 600 a terminé inchangé.

L'appétit des investisseurs pour les actifs risqués demeure réduit par la persistance des tensions commerciales et des inquiétudes entourant la situation politique en Italie.

Il a souffert en outre de la hausse de l'euro, qui a frôlé 1,18 dollar (+0,6%), pénalisant les entreprises exportatrices comme L'Oréal (-2,49%, plus forte baisse du CAC).

La BCE est de plus en plus convaincue d'un retour progressif de l'inflation vers son objectif et discutera la semaine prochaine de l'opportunité de mettre progressivement fin à son programme de rachats d'actifs (QE), a déclaré mercredi Peter Praet, le chef économiste de l'institution de Francfort.

Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, a pour sa part jugé "plausibles" les anticipations d'un arrêt des achats d'obligations d'ici à la fin de l'année.

LE BUND À 10 ANS REPASSE 0,46%

A huit jours de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs, ces déclarations ont provoqué une hausse des rendements des emprunts d'Etat et des anticipations de hausse de taux.

Le rendement du Bund allemand à dix ans a pris près de 10 points de base pour repasser 0,46%, contre 0,41% environ avant les déclarations de Peter Praet.

L'OAT française de même échéance a suivi le mouvement pour dépasser 0,8%.

Les marchés monétaires, eux, anticipent désormais une probabilité de 70% d'une hausse de taux de la BCE en juin 2019, contre 50% environ lundi, et de 90% pour juillet 2019.

"Le marché est très sensible à l'évolution des perspectives des banques centrales et aux signes suggérant un changement de position de la BCE", explique Jan von Gerich, responsable de la stratégie d'investissement de Nordea.

LE DOLLAR RECULE

Côté actions en Europe, le secteur des matières premières (+1,94%) a été l'un des rares à finir dans le vert, soutenu par la hausse des cours des métaux de base (+1,7% pour le cuivre).

A Paris, ArcelorMittal a pris 2,81%, la plus forte hausse du CAC.

L'indice Stoxx des banques (+0,71%) a profité pour sa part des anticipations de hausse des taux.

A l'heure de la clôture en Europe, les grands indices de Wall Street évoluent en territoire positif, portés notamment par le repli du dollar, qui perd 0,37% face à un panier de devises de référence.

Les rendements obligataires montent, mais moins qu'en Europe. Le taux du 10 ans américain prend plus de cinq points de base pour se rapprocher de 2,97%,

Les préoccupations liées aux tensions commerciales internationales restent en toile de fond et la crainte d'une montée en puissance du protectionnisme, notamment aux Etats-Unis, devrait dominer les discussions du G7 en fin de semaine au Canada.

Les investisseurs anticipent par ailleurs la réunion de la Réserve fédérale américaine, mardi et mercredi prochain, qui devrait se solder par une nouvelle hausse d'un quart de point du taux des "fed funds".

Sur le front du pétrole, les cours sont orientés à la baisse après l'annonce d'une hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)