Fin des traitements pour Vincent Lambert, Macron s'exprime

L'hôpital de Reims a interrompu lundi, comme il l'avait annoncé, les traitements qui étaient dispensés à Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis onze ans, a-t-on appris auprès de Me Laurent Pettiti, l'avocat de son épouse. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler

REIMS, Marne (Reuters) - L'hôpital de Reims a interrompu lundi, comme il l'avait annoncé, les traitements qui étaient dispensés à Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis onze ans, a-t-on appris auprès de Me Laurent Pettiti, l'avocat de son épouse.

L'alimentation et l'hydratation artificielle dont bénéficiait l'ancien infirmier psychiatrique, devenu un symbole du débat sur la fin de vie, devaient être arrêtées et, parallèlement, des sédatifs devaient lui être administrés.

Ce processus, qui intervient après des années de bataille judiciaire, pourrait conduire à la mort de Vincent Lambert d'ici quelques jours.

Le sort de cet homme de 42 ans, victime en 2008 d'un accident de la route, déchire la famille entre ses parents notamment, proches des milieux catholiques traditionalistes, qui refusent l'arrêt des traitements, et, de l'autre côté, son épouse, cinq de ses frères et soeurs et un neveu qui veulent qu'on le laisse mourir, conformément à ce qu'étaient, selon eux, ses valeurs.

Les parents, qui dénoncent une euthanasie déguisée, en avaient appelé samedi à Emmanuel Macron, "le dernier et le seul à pouvoir intervenir", pour qu'il s'oppose à l'arrêt des traitements.

Dans un message lundi sur Facebook, le chef de l'Etat souligne qu'"il n'y a aucune réponse simple ou univoque".

"Aujourd'hui, comme président de la République, il ne m’appartient pas de suspendre une décision qui relève de l'appréciation de ses médecins et qui est en conformité avec nos lois", écrit-il.

"HOMME LIBRE"

Le Conseil d'Etat et la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ont débouté les parents de Vincent Lambert à deux reprises en considérant que la poursuite des traitements relevait d'une "obstination déraisonnable", au sens de la loi sur la fin de vie de 2005, dite loi Leonetti.

Les deux cours ont également estimé que la procédure légale, qui exige une décision collégiale du corps médical, avait été respectée.

La CEDH a rejeté lundi après-midi la demande de "mesures provisoires" - une injonction à la France de reprendre les traitements à titre conservatoire - qui lui avait été soumise le jour même par les parents, l’une de ses sœurs et un demi-frère.

"Le voir partir, c'est le voir en homme libre", a réagi sur RTL l'épouse de Vincent Lambert, Rachel.

A l'origine familial et judiciaire, le débat a également pris un tour politique.

Les têtes de liste des Républicains (LR) et du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, respectivement François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella, ont pris publiquement le parti des parents.

"Je suis par principe attaché à la dignité humaine et je vais vous donner ma conviction personnelle : cette décision de justice, elle me choque", a déclaré ce dernier lundi, sur RTL, appelant Emmanuel Macron à se prononcer sur le sujet.

A l'inverse, Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique, a jugé sur CNEWS qu'il fallait "faire confiance" aux médecins et à la justice.

L'ex-député LR Jean Leonetti a déclaré dimanche que l'arrêt des traitements s'inscrivait bien dans le cadre de la loi dont il est l'artisan.

(Gilbert Reilhac, avec Simon Carraud et Jean-Baptiste Vey à Paris et Anthony Paone à Reims, édité par Yves Clarisse)