Feu vert à l'expulsion du sud de la "jungle" de Calais

Le tribunal administratif de Lille a décidé jeudi que l'arrêté d'expulsion du sud de la "jungle" de Calais s'applique, sauf dans les espaces sociaux. /Photo prise le 25 février 2016/REUTERS/Pascal Rossignol

CALAIS (Reuters) - Le tribunal administratif a validé jeudi l'arrêté d'expulsion du sud de la "jungle" de Calais, qui abrite des centaines de migrants, sauf dans les espaces sociaux, a annoncé la préfecture du Pas-de-Calais. Les autorités ont précisé que la mise en exécution ne serait pas immédiate, le but étant toujours de convaincre les migrants de partir pour être "mis à l'abri" dans des centres ouverts en France. "Nous avons une solution à apporter à chacun d'eux", a déclaré la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, précisant que 102 centres d'accueil avaient été ouverts en France et que 2.700 migrants de Calais les avaient déjà rejoints. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a estimé que la décision du tribunal confortait en tous points la stratégie arrêtée par l'Etat à Calais. "Nous avons l'intention de procéder à la mise à l'abri, à la mise en protection, de tous ceux qui sont sur la zone sud de Calais, et notamment les mineurs isolés", a-t-il dit à la presse. Huit associations avaient saisi la justice en référé à ce sujet, affirmant que l'opération, initialement prévue mercredi, a été décidée sans proposer des solutions alternatives suffisantes. Elles soulignaient aussi que le nombre de migrants concernés par l'évacuation, de l'ordre d'un millier selon l'Etat, était en réalité plus de trois fois plus élevé. Le Premier ministre, Manuel Valls, a assuré mardi que l'évacuation prendrait le temps nécessaire pour apporter une "réponse humanitaire" aux migrants en quête d'un passage vers la Grande-Bretagne. La maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart, s'est déclarée soulagée par la décision du tribunal administratif, confirmant que l'évacuation se ferait de façon très progressive. "On partirait sur huit, quinze jours, voire trois semaines. Les services de l’Etat souhaitent vraiment faire ça de façon progressive sans qu’il y ait de heurts", a-t-elle dit sur RTL. "Petit à petit des propositions vont être faites, des cabanes vont être démantelées", a-t-elle ajouté. Natacha Bouchart a souligné qu'elle resterait vigilante sur ce qui va se passer dans les prochains jours. "Il y a des associations, il y a des activistes, il y a des passeurs qui ne veulent pas voir disparaître ce lieu et vont tout faire pour que les migrants ne prennent pas la bonne décision". Bernard Cazeneuve a souligné qu'il n'avait jamais été question de procéder à une "évacuation brutale" de la zone mais de "mettre tout en oeuvre pour pouvoir accueillir dignement les réfugiés". Il a annoncé qu'il réunirait prochainement les associations qui souhaitent s'engager plus avant dans l'accompagnement des migrants. (Matthias Blamont, édité par Yves Clarisse)