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L'armée congolaise pourchasse les rebelles du M23

Soldats congolais à Bunagana, au nord de Goma. L'armée congolaise (FARDC) a annoncé jeudi que ses unités allaient pourchasser les rebelles du M23 jusque dans leurs bases situées dans les forêts et les montagnes du Nord-Kivu limitrophe du Rwanda et de l'Ouganda. /Photo prise le 30 octobre 2013/REUTERS/Kenny Katombe

par Kenny Katombe BUNAGANA, Congo démocratique (Reuters) - L'armée congolaise (FARDC) a annoncé jeudi que ses unités allaient pourchasser les rebelles du M23 jusque dans leurs bases situées dans les forêts et les montagnes du Nord-Kivu limitrophe du Rwanda et de l'Ouganda. Le M23 apparaît sur le point d'être battu après avoir été chassé des localités du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) qu'il contrôlait depuis le début, il y a 20 mois, de l'insurrection. "Nous allons poursuivre le M23 et l'acculer partout où il se cache parce qu'il s'agit de criminels", a déclaré à Reuters le colonel Olivier Hamuli, porte-parole des FARDC. "Nous ne devons pas les laisser (se réorganiser) parce qu'ils martyrisent le peuple congolais depuis trop longtemps. Le temps est venu de ramener la paix." Des responsables du M23 ont expliqué avoir évacué les localités sous la pression diplomatique et Bertrand Bissimwa, responsable politique de la rébellion, a affirmé sur RFI que ces revers militaires ne modifieraient en rien ses revendications aux pourparlers de paix. Ces derniers, selon les médiateurs ougandais, ont repris mercredi à Kampala entre le gouvernement de Kinshasa et le M23. Des accrochages sont signalés dans les collines qui dominent Bunagana, la dernière localité aux mains des insurgés à être tombée cette semaine, ainsi qu'aux alentours de Runyoni, une colline où la rébellion du M23 a vu le jour en 2012. A leur apogée en novembre, les insurgés ont occupé Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, profitant de la fuite de la garnison gouvernementale et de la passivité des casques bleus de la Monusco. La chute de Goma a amené la Mission des Nations unies en RDC, la plus importante au monde en terme d'effectifs, à renforcer son mandat et à former une brigade rapide d'intervention composée de soldats sud-africains, malawites et tanzaniens. PROGRESSION SANS PRECEDENT De son côté, l'état-major des FARDC a été remanié et l'armée est passée à l'offensive contre le M23, faisant changer le cours de la guerre. Le rythme de progression des troupes gouvernementales est aujourd'hui sans précédent. "Le M23 semble toucher à sa fin", prédit un expert des affaires congolaises, Jason Stearns, sur son blog Congo Siasa. "Ce serait historique -ce serait la première fois que le gouvernement de Kinshasa réussit à battre une insurrection majeure." "Et ce serait aussi la première fois depuis 1996 qu'aucun groupe armé allié au Rwanda ne serait présent dans l'est de la RDC." Des experts des Nations unies accusent le Rwanda, qui le nie farouchement, de soutenir militairement le M23, constitué au départ d'anciens militaires congolais mutinés. Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a invité le président rwandais Paul Kagame à faire preuve de retenue, a annoncé un porte-parole du Foreign Office. La semaine dernière, Kigali avait évoqué la possibilité de représailles militaires à la suite des obus tombés en territoire rwandais. Mercredi, les habitants de Bunagana ont envahi les rues de la bourgade pour saluer l'entrée des soldats des FARDC. "Nous avons vécu un an avec le M23 et il nous paraissait inimaginable d'être un jour libérés par l'armée", témoigne un habitant de cette localité limitrophe de l'Ouganda. "Nous avons vécu dans la terreur (du M23), nous sommes traumatisés", a ajouté cet homme. Selon un responsable de l'Onu et un habitant, une partie des quelaque 8.000 réfugiés qui s'étaient mis mercredi à l'abri en Ouganda ont commencé à rebrousser chemin. Avec Peter Jones à Kinshasa, Elias Biryabarema à Kampala et David Lewis à Dakar; Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse