L'aviation turque bombarde les YPG kurdes dans le Nord syrien

ISTANBUL (Reuters) - Des bombardements de l'aviation turque dans le nord de la Syrie ont fait 160 à 200 morts dans les rangs des miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), soutenues par les Etats-Unis, selon un communiqué de l'armée turque diffusé jeudi. Vingt-six raids aériens menés dans la nuit de mercredi à jeudi ont visé leurs positions dans un secteur repris récemment aux djihadistes de l'Etat islamique (EI), précise l'état-major. L'administration kurde mise en place dans le nord-est de la Syrie parle de plusieurs dizaines de tués tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avance un bilan beaucoup moins lourd d'au moins 14 morts et plusieurs dizaines de blessés. L'OSDH précise que les bombardements ont eu lieu à Al Hassiya, Oum al Qoura et Oum Hoch, trois villages situés au nord d'Alep tenus par les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition dirigée par les YPG. Ces localités se trouvent à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Al Bab, dernier fief de l'EI dans le nord-ouest de la Syrie. Dans la soirée, l'armée gouvernementale syrienne a dénoncé une "agression flagrante" et prévenu qu'elle abattrait tout appareil militaire turc entrant dans l'espace aérien syrien. "Tout nouvelle tentative de violer l'espace aérien syrien par des avions de guerre turcs sera traité et ils seront abattus par tous les moyens disponibles", prévient le commandement général. L'armée turque et ses alliés locaux ont lancé le 24 août une offensive dans le nord de la Syrie baptisée "Bouclier de l'Euphrate" dont l'objectif est à la fois de repousser l'EI et d'enrayer la progression des miliciens kurdes. Même s'ils sont le principal relais sur le terrain de la campagne américaine de lutte contre l'EI en Syrie, Ankara les assimile aux séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter est attendu vendredi à Ankara. Les raids de la nuit ont été d'une intensité sans précédent depuis le début de l'incursion turque en Syrie. Le président Recep Tayyip Erdogan avait annoncé la veille que la Turquie pourrait agir seule pour éradiquer ses ennemis à l'étranger. (Ece Toksabay avec Angus McDowall et Lisa Barrington à Beyrouth; Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)