L'armée syrienne nie avoir bombardé un camp de déplacés
BEYROUTH (Reuters) - L'armée syrienne a nié avoir bombardé jeudi un camp de fortune hébergeant des civils fuyant les combats à Alep, sans convaincre le haut commissaire de l'Onu aux droits de l'homme. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le bombardement de ce camp de déplacés voisin de Sarmada, dans la province d'Idlib, près de la frontière turque et à une trentaine de kilomètres à l'ouest d'Alep, a fait au moins 28 morts et une cinquantaine de blessés. "Ces informations (...) sur le bombardement d'un camp de déplacés par l'armée syrienne dans la campagne d'Idlib sont fausses", dit l'état-major dans un communiqué repris par les médias officiels. Zeid Ra'ad al Hussein, haut commissaire de l'Onu aux droits de l'homme, parle quant à lui d'un crime de guerre qui semble avoir été commis délibérément. "Comme ces camps de tentes se trouvent à ces endroits depuis plusieurs semaines et sont clairement visibles depuis les airs, il est extrêmement improbable que ces raids meurtriers soient accidentels", dit-il dans un communiqué. "Mes équipes et celles d'autres organisations ne ménageront pas leurs efforts dans la recherche des indices de ce qui semble être un crime particulièrement odieux et prémédité contre des gens extrêmement vulnérables. Les premières informations suggèrent que ces raids ont été menés par l'aviation gouvernementale syrienne, mais cela reste à vérifier", poursuit-il, invitant le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale. Aucun avion ou drone russe n'a survolé le camp, a par ailleurs assuré un représentant de l'armée à Moscou, cité par l'agence de presse Interfax. Selon lui, le Front al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda, pourrait avoir ouvert le feu délibérément ou accidentellement sur les réfugiés. Pour le ministère français des Affaires étrangères, "cet acte révoltant et inacceptable pourrait être constitutif d'un crime de guerre et d'un crime contre l'humanité (...)". "La France appelle à ce qu'une enquête impartiale et indépendante soit conduite pour faire toute la lumière sur cet acte odieux", ajoute-t-il dans un communiqué. Paris exhorte par ailleurs "les soutiens du régime à faire pression pour éviter un nouveau massacre" à la prison de Hama, dont les détenus se sont partiellement rendus maîtres et retiennent des gardiens en otages. De son côté, Zeid Ra'ad al Hussein a dit craindre "un assaut meurtrier imminent". "Des centaines de vies sont en jeu et j'appelle les autorités à recourir à une médiation ou à tout autre alternative à la force", a-t-il averti. (John Davison; Tangi Salaün et Jean-Philippe Lefief pour le service français)