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Le Sénégal déploie des forces sur la frontière de la Gambie

Des soldats sénégalais durant un exercice. Des forces armées sénégalaises ont pris position le long de la frontière de la Gambie et pénétreront dans le pays à minuit si le président Yahya Jammeh refuse de quitter le pouvoir après sa défaite à l'élection présidentielle du 1er décembre. /Photo d'archives/REUTERS/Emma Farge

BANJUL (Reuters) - Des forces armées sénégalaises ont pris position le long de la frontière de la Gambie et pénétreront dans le pays à minuit si le président Yahya Jammeh refuse de quitter le pouvoir après sa défaite à l'élection présidentielle du 1er décembre. Jammeh, qui refuse de démissionner et de céder la présidence à l'opposant Adama Barrow en raison, dit-il, d'irrégularités dans le scrutin, a vu mercredi son mandat prolongé de trois mois par une résolution de l'Assemblée nationale gambienne. Face à cette situation de blocage, le Sénégal est prêt à intervenir militairement avant la cérémonie de prise de fonction d'Adama Barrow qui doit, en principe, avoir lieu jeudi. "Nous sommes prêts et attendons l'échéance à minuit. Si aucune solution politique n'est trouvée, nous entrerons", a annoncé le colonel Abdou Ndiaye, porte-parole de l'armée sénégalaise. Le Nigeria, qui assure la présidence tournante de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a déployé des unités de son armée de l'air au Sénégal dans l'hypothèse d'une intervention en Gambie. "L'armée de l'air a envoyé un contingent de 200 hommes et des appareils dont des avions de combat, des appareils de transport et des hélicoptères léger d'assistance ainsi qu'un appareil de renseignement, de surveillance et de reconnaissance à Dakar d'où ils pourront intervenir en Gambie", a indiqué l'armée de l'air nigériane dans un communiqué. Le président de la Mauritanie Mohamed Ould Abdel Aziz est arrivé à Banjul mercredi soir pour rencontrer Yahya Jammeh dans une dernière tentative de médiation, a annoncé la télévision gambienne. INVESTITURE Au pouvoir depuis le coup d'Etat de 1994, il refuse de le céder à Adama Barrow, vainqueur de la présidentielle de décembre, et a décrété mardi l'état d'urgence. Les Etats membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) préparent une intervention militaire pour le contraindre à passer la main à la fin de son mandat, jeudi, comme le veut la Constitution. Le président élu Adama Barrow, qui se trouve au Sénégal, pourrait être investi à l'ambassade de Gambie à Dakar. "L'investiture au stade n'aura pas lieu comme cela était prévu. Aussi, il (Barrow) se prépare pour une investiture par d'autres moyens", a déclaré sa porte-parole Halifa Salah. "Le gouvernement ne peut pas empêcher le président élu Barrow d'être investi", a-t-elle ajouté. Des troupes sénégalaises ont été envoyées mercredi à la frontière gambienne, a-t-on appris de sources militaires et humanitaires. Des témoins disent en outre avoir vu passer des convois militaires à Diouloulou et Ziguinchor, deux villes proches de la frontière, à partir de minuit. Craignant des violences, 26.000 Gambiens ont trouvé refuge au Sénégal, ont annoncé mercredi les Nations unies, citant les chiffres de Dakar. Le voyagiste britannique Thomas Cook a par ailleurs entamé mercredi l'évacuation d'un millier de touristes séjournant en Gambie. Dans un communiqué diffusé sur son site, l'entreprise dit avoir activé ses plans d'urgence et mis en place des vols supplémentaires pour évacuer 985 clients de séjour organisé. Elle tente également de contacter 2.500 touristes arrivés par charter. (Matthew Mpoke Bigg avec Emma Farge à Ziguinchor; Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief pour le service français)