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L'armée japonaise veut plus de moyens face à Pyongyang et Pékin

TOKYO (Reuters) - Le ministère japonais de la Défense a demandé mercredi que son budget soit porté à un niveau record, pour faire face à la menace croissante des tirs de missiles balistiques nord-coréens et à la montée en puissance de Pékin sur le plan militaire ainsi qu'aux revendications chinoises en mer de Chine méridionale. Si ce budget est approuvé, la hausse de 2,3% demandée portera l'enveloppe de la défense à 5.700 milliards de yens (51,47 milliards de dollars) dans l'année budgétaire débutant le 1er avril, et ce sera la cinquième année consécutive d'augmentation depuis que le Premier ministre, Shinzo Abe, a entrepris de doper ce poste budgétaire. La doctrine militaire de Tokyo consiste actuellement à alléger le dispositif des "Forces d'autodéfense" dans le nord du Japon, la menace militaire russe s'atténuant, pour renforcer l'archipel des Ryukyu, chapelet d'îles nippones en mer de Chine orientale, parmi lesquelles les Senkaku, revendiquées par Pékin sous le nom de Diaoyu. Cela implique moins de divisions blindées mais davantage d'unités amphibies, ce dont l'armée nippone ne disposait guère jusqu'à récemment. Ce coûteux repositionnement survient alors que Tokyo doit accroître ses dépenses pour se protéger des missiles balistiques que met au point et que teste une Corée du Nord à même d'atteindre la majeure partie des zones de l'archipel japonais. Ainsi, la plus forte dépense budgétaire, de l'ordre de 99 milliards de yens (970 millions de dollars) concerne la modernisation des batteries de missiles antimissiles Patriote. Leur portée s'en trouvera doublée, autour d'une trentaine de kilomètres, et leur précision en sera augmentée. Cette modernisation prendra dans les cinq ans, et les quatre premiers Patriot nouvelle version devraient entrer en service à temps pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2020. En juin, la Corée du Nord a procédé au tir expérimental de deux fusées mobiles Musudan, dont l'une est montée à 1.000 km, soit suffisamment pour parcourir plus de 3.000 km. Le 24 août, Pyongyang a procédé à un essai de missile balistique tiré d'un sous-marin, qui a parcouru 500 km. En ce qui concerne la mer de Chine orientale, le chef des Forces d'autodéfense japonaises, l'amiral Katsutoshi Kawano, déclarait en juin que l'activité militaire chinoise était "à l'escalade". (Tim Kelly; Eric Faye pour le service français)